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même chambre d’assemblée où il avait régné (1818). Toute cette famille a fait preuve de talent pour la philosophie : la politique et la magistrature n’empêchèrent point Pierre Bedard de s’y livrer, et Lebrun, dans le Tableau statistique des deux Canadas, mentionne ses Observations critiques sur les ouvrages de l’abbé de Lammenais et de M. de Bonald, et son Traité du droit naturel démontré par des formules algébriques, à peu près comme Bodin dans sa République prétend démontrer sa politique harmonique. Cet illustre Canadien mourut en 1827. Isidore, son fils, membre du parlement provincial pour le comté de Saguenay, mourut à Paris en 1833. Il décelait un beau talent poétique. — Elzéar, membre du parlement provincial et père putatif des 92 résolutions, premier maire de Québec, juge puîné de la cour du banc de la reine, se déclara avec le juge Panet en faveur des demandes d’habeas corpus en 1838, en substituant le statut de Charles II à l’ordonnance provinciale de 1784. Il fut suspens, puis réhabilité. Il passa alors de Québec à Montréal, où il eut une dispute de préséance avec l’honorable Charles Dewey Day, laquelle fut portée en Angleterre. Le premier ministre La Fontaine lui apporta sur son lit de mort, durant la dernière apparition du choléra, la décision du gouvernement anglais en sa faveur. — Voyez Papineau.

Bedout (Jacques), célèbre marin canadien au service de la république française, était fils du sieur Bedout, conseiller au conseil souverain de Québec et seigneur en 1752. Il naquit en cette ville le 14 janvier 1751, et passa en France à douze ans lors de la cession du Canada à l’Angleterre (1763), en compagnie de plusieurs autres enfants, destinés comme lui à devenir des hommes célèbres. Ses dispositions le portèrent à embrasser la vie de marin, et il se signala tellement dans la guerre d’Amérique (1776 à 1782), qu’il obtint une frégate. Sous la république il devint capitaine de haut bord. L’action malheureuse de l’île Croix, en 1796, lui mérita cet éloge de Fox dans la Chambre des Communes d’Angleterre : — « Le capitaine du Tigre, combattant pour l’honneur de sa patrie, a rivalisé en mépris de la mort avec les héros de la Grèce et de Rome. Il a été fait prisonnier, mais couvert de gloire et de blessures ! » Il combattit contre trois vaisseaux[1]. Délivré à la paix d’Amiens, il s’attira l’estime des Bruix,

  1. The Tigre was brought to action by the Sans-Pareil, and the