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Page:Bibaud - Le secret de la marquise, Un homme d'honneur, 1906.djvu/110

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Mais Ponthiac, homme d’état,
Autant que guerrier magnanime,
Dans le grand dessein qui l’anime,
Veut être potentat.
Il le fut devenu, si sagement faciles,
Yendats, Miamis, Outaouais, Cristineaux,
Sous les mêmes drapeaux,
Eussent pu se montrer ses ordres dociles.

Par nul orateur éclipsé,
Égal au plus grand dans la guerre,
Du plus transcendant caractère,
Se montre Tecumsé :
« Lui ! non, le soleil seul se peut dire mon père, »
Dit-il, en rejetant le fauteuil d’Harrison ;
Et sur le vert gazon,
Il s’assied, se disant sur le sein de sa mère.[1]

Si sa main cueille le laurier
Au camp, sur le champ de bataille,
Son œil du bravache, sans faille,
Distingue le guerrier :
Il connaît l’à-propos de l’ordre et de la marche,
L’art du commandement : c’est qui dit encor.
Par reproche à Proctor :
« Quand Brock disait : Marchons, tu dis rudement : Marche. »

  1. Au conseil tenu à Vincennes, en 1811, Técumsé ayant fini sa harangue, regarda autour de lui, et voyant que chacun était assis et qu’il ne restait pas de siège, un dépit soudain se manifesta dans toute sa contenance. Aussitôt, le général Harrison ordonna qu’on lui donnât une chaise : quelqu’un lui en apporta une et lui dit, en s’inclinant : « Guerrier, votre père, le général Harrison, vous présente un siège. » « Mon père, s’écria le chef avec indignation, le soleil est mon père, et la terre est ma mère ; elle me nourrit et je repose sur son sein. Et aussitôt, il s’assit à terre, les jambes croisées.