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Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/165

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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

XXII


Elle fut magnanime, héroïque et sans tache,
Votre légende ô fiers enfants de Saint-Eustache !
Quand le ceste pliait ; quand, à St-Charle en feu,
Les hardis défenseurs de notre sainte cause,
Sacrifiant leur vie en un suprême enjeu,
Martyrs du grand devoir que la patrie impose.
Étaient morts aux lueurs de leurs foyers détruits ;
Quand les plus dévoués au loin s’étaient enfuis.
Traqués en malfaiteurs jusques à la frontière,
Et que les conquérants, avec leur morgue altière,
De leurs cris de triomphe insultaient les vaincus,
Vous, au sublime appel d’un nouveau Spartacus,
Voulûtes, réunis en phalange sacrée
Défiant jusqu’au bout la puissance exécrée
Des tyrans désormais transformés en bourreaux,
Vaincre en désespérés ou mourir en héros.

L. FRÉCHETTE.

Le lendemain, comme l’avait pressenti le Dr Chénier, l’alarme se donnait. Le capitaine Globensky arrivait à Saint-Eustache avec une petite armée de deux mille hommes d’infanterie, neuf pièces d’artillerie, cent-vingt hommes de cavalerie et une compagnie de volontaires de quatre-vingts hommes. On les avait aperçus à Sainte-Rose, village vis-à-vis de Saint-Eustache. Chénier en les voyant s’avancer, encouragea ses compatriotes et les conduisit, au nombre de cent-cinquante, vers la rivière, les échelonnant du mieux qu’il pouvait, afin de refouler Globensky, qu’on croyait être le seul à redouter. Malgré le manque d’armes et de munitions, ces braves n’hésitèrent pas un instant, ils s’élancèrent sur la rivière résolus à vaincre ou à mourir ; mais ô désespoir, à peine avaient-