Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/56

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ration, la jeune fille a de la fortune, je trouve par conséquent que rien ne doit être épargné pour la ravir à la mort qui la guette. Une consultation était nécessaire, je l’ai demandée à la famille qui paraissait peu s’en soucier ; mais je vous l’ai dit j’avais mon idée, Mlle Aubry doit quitter momentanément la maison de son oncle, sans quoi je ne puis répondre de rien. Je vous ai présenté à la famille comme un jeune médecin s’occupant spécialement de maladies nerveuses, recevant parfois chez vous vos patients afin de les mieux surveiller. Connaissant votre âme généreuse je comptais d’avance que vous vous rendriez à mes désirs.

— Vous avez eu raison, docteur, je suis honoré de votre confiance, je recevrai chez moi, mademoiselle Aubry puisque vous croyez qu’elle bénéficiera d’un séjour loin de sa famille.

— Certes, si elle en bénéficiera ! Vous êtes médecin et vrai, vous connaissez tous les obstacles auxquels nous nous heurtons pour guérir nos malades, dans un entourage où les mille petits riens, qui sont le grand tout pour notre patient, comptent comme de pures niaiseries, auprès de gens d’une perfection d’équilibre assommante, ne voulant jamais dévier de la règle commune.

— Je vous comprends ; ces gens ont trop de sens pratique pour se tracasser de puérilités, ils ne veulent en rien troubler la limpidité de