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« L’amour je l’ai chanté, quand plein de son délire,
Ce seul mot murmuré faisait vibrer ma lyre,
Et que mon cœur cédait au pouvoir d’un coup d’œil,
Comme la voile au vent qui la pousse à l’écueil,
J’aimai, je fus aimé, c’est assez pour ma tombe,
Qu’on y grave ces mots, et qu’une larme y tombe. »

Larmartine est grand poète, nul mieux que lui n’a su définir les impressions du cœur humain. En lisant ses confidences, n’avez-vous pas été ému de la sensibilité de cette âme poétique, lorsqu’il adresse ses regrets aux mânes de Graziella, dont il ignorait avant la séparation toute la puissance sur son cœur ? Le bonheur était là, il le laissa passer. Combien de gens commettent la même faute ! Bien des chagrins pourraient être épargnés si l’homme, comme le chien de Lafontaine, n’abandonnait souvent la proie pour l’ombre. Mais je m’aperçois que je deviens sermoneuse ; c’est à mon insu, je vous assure ; les sermons je les déteste, je me rappelle si bien avec quelle promptitude, lorsque j’étais enfant, je me bouchais les oreilles afin de ne pas entendre les longs chapelets de reproches que m’adressait mon institutrice. Vous voyez je n’ai jamais été parfaite. Je ne sais si l’âge m’a été favorable, si j’ai plus de mérite maintenant qu’alors.