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femme, de constater qu’elle n’était pas jolie, qu’on la reconduisait de suite au couvent, comme il avait été convenu, sans que je lui eusse même adressé une parole. Quelques heures plus tard mon père expirait en me bénissant.

Tout ceci se passa avec une telle promptitude, la douleur que j’éprouvai de la mort de mon père fut si grande que j’oubliai complètement les événements. Ma femme n’était entrée dans ma vie qu’à l’égal d’un mythe, je résolus de continuer à la considérer comme tel, ne me sentant aucune inclination pour elle, dans un moment d’irréflexion impardonnable, je lui écrivis ces quelques mots :


Madame,

Nous avons été mariés par la volonté de nos parents. Vous ne m’aimez pas ni moi non plus. Je ne veux en aucune manière vous importuner de ma présence. Je pars pour faire le tour du monde et vous laisse libre.

Durant mes voyages au long cours, je reçus la nouvelle de la mort de mon parrain, il me léguait tous ses biens et son titre de marquis de Ferrares. Cette bonne nouvelle me rendait désormais indépendant. Je m’empressai de remettre au père de ma femme les sommes qu’il avait déboursées pour le mien, ne les ayant toujours considérées que comme prêt.

Alors la vie s’offrit à mes yeux sous le jour