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— Quoi, des pleurs ! s’écria Léa de Nancray en l’attirant à elle, qui peut donc causer ton chagrin, toi que tout le monde adore, toi, à qui il me semble, rien ne manque ici bas. Que dirait Georges de Ferrares s’il te voyait ainsi gâter ton joli visage avec ces vilaines larmes ? Laisse-moi te consoler, je suis certaine que tu n’as aucun sujet de te chagriner ainsi.

— Oh ! répondit Noémie en cachant sa tête dans le sein de son amie, Léa, je voudrais mourir.

— Mourir, quand on a vingt ans, quand on est belle, quand on est aimée ! Ah ! Noémie, tu n’es pas raisonnable.

— Écoute plutôt, Léa, car je ne puis plus longtemps te cacher mon malheur. Ce que je vais te dire tu ne pourras le croire, et cependant, hélas ! il n’est que trop vrai, Léa, je suis mariée.

— Mariée ! cela est impossible.

— Oui, je suis mariée et ce qui est bien pis, j’aime un autre homme que celui à qui je suis liée. Demain, je recevrai ce mari indifférent qui depuis sept ans ne m’avait donné signe de vie et aujourd’hui sollicite une entrevue. Mais je le recevrai uniquement pour lui exprimer toute la haine qu’il m’inspire, pour lui reprocher d’avoir brisé ma vie, pour lui avouer enfin que j’aime ailleurs, que sa présence m’est odieuse, que lui-même a fait naître mon aver-