Page:Bibaud jeune - L'Honorable L.A. Dessaules et le système judiciaire des États-pontificaux, 1862.djvu/60

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guerre subitement arrêtée ; la paix plus subitement conclue. L’Italie ne peut être libre tout entière, et l’intégrité des États du Pape est entamée par l’insurrection. Les promesses ne se trouvent remplies envers personne ; on les remplace par des conseils qui furent également offerts à tout le monde : conseil aux Italiens de renoncer à toute tentative d’unité exagérée, et de retour de bonne grâce sous l’autorité des princes déchus ;[1] conseil au Piémont de renoncer à la poursuite d’annexions exorbitantes ; conseil à l’Autriche de relâcher la dureté de son joug en Vénétie, et d’ouvrir ses citadelles à des troupes italiennes ; conseil au Pape de désarmer ses sujets par l’offre de concessions faites à leurs vœux supposées. Chacun de ces avis différens eut sa dépêche officielle et même son épitre autographe.

« Les conseils ont eu le même sort que les promesses. Comme les unes n’avaient pu être tenues nulle part, nulle part aussi les autres ne furent agréés. Les Italiens ne firent pas mine un seul instant de se prêter au retour des autorités renvoyées. Le Pape ne jugea point convenable d’offrir à ses sujets insurgés des concessions refusées d’avance. Tout se traînant ainsi dans l’incertitude, c’est la politique française qui a dû faire un pas de plus. La période des conseils avait succédé à celle des promesses : elle est remplacée aujourd’hui par celle des exigences et des sacrifices.

« Seulement, voici la différence : hier encore, on parlait à tout le monde ; aujourd’hui, c’est au Pape seul qu’on s’adresse. C’est lui, et lui seul, qui doit liquider à ses dépens les frais de la succession embrouillée qu’ont laissé derrière elle une guerre qui a tout ébranlé et une paix qui n’a rien raffermi. Sous une forme polie, discrète, mais claire, la lettre du 31 décembre, s’il faut en croire plusieurs de ses commentateurs de la presse, est une sommation respectueuse adressée au Pape de sacrifier ce qu’il a perdu, sous peine de perdre ce qu’il possède. Par cela même que

  1. Accompagné, comme le remarque le comte de Rechberg, de l’assurance que l’empereur des Français n’entendait cependant les gêner nullement, s’ils ne désiraient point leurs princes.