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drale de Reims[1], la similitude de plan de l’une des chapelles de Saint-Quentin avec celles de Vaucelles et l’identité de dessin d’un pavement de la même église avec celui que Villard dessina en Hongrie[2]. De plus, il découvrait sur le parement intérieur de la chapelle précitée un tracé tout pareil à celui de la rose de Chartres qui figure dans l’Album[3], et présentant la même transposition des colonnettes. À ces arguments, on pourrait encore ajouter, car l’auteur remarque avec raison au sujet des colonnes du déambulatoire qu’« à Saint-Quentin comme à Reims, ces colonnes sont raidies du côté de la poussée au vide par une colonnette unique placée en avant, disposition sui generis et que nous ne retrouvons ni à Cambrai ni dans aucune autre abside, si ce n’est à Soissons[4]. » Or, cette disposition existait aussi à Vaucelles, comme l’indique le plan de M. Durieux, publié par M. Wilbert.

De l’étude de M. Bénard, il ressort avec certitude que Villard était de nationalité picarde, qu’il a presque certainement bâti l’église de Saint-Quentin et que par contre rien n’autorise beaucoup plus à lui attribuer des travaux dans la cathédrale de Cambrai que dans celle de Reims ; tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il a eu communication des plans.

Le voyage en Hongrie ne se placerait donc plus entre 1244 et 1250, comme le croyait Quicherat, car l’église de Saint-Quentin a été consacrée en 1257[5]. Ce voyage aurait eu lieu plus tôt, puisque Villard a utilisé à Saint-Quentin les études faites en chemin et y a même reproduit, à peu de chose près, le pavement qu’il avait dessiné en Hongrie[6]. D’autre part, comme la consécration de l’église de Vaucelles avait eu lieu en 1235[7], c’est à ce moment que Villard aurait pu s’expatrier ; cette date coïncide avec

  1. Pl. XIX et LIX à LXIII.
  2. Pl. XXIX.
  3. Pl. XXIX, et Bénard, ouvr. cité, fig. 1.
  4. Ouvr. cité, p. 13. Parmi les similitudes qui existent entre la cathédrale de Reims (ou d’autres monuments champenois) et l’architecture du nord de la France au XIIIe siècle, il faut citer d’anciens passages intérieurs, aujourd’hui détruits, qui existaient devant les fenêtres du chœur de Notre-Dame de Saint-Omer. Ce sont ces passages que Villard a remarqués à Reims et qu’il appelle « les voies dedens » (pl. LIX et LXI).
  5. Charte de saint Louis, citée par M. Bénard.
  6. Bénard, ouvr. cité, p. 11, fig. 4 et 5.
  7. Jongelinus, Notitiæ abbatiarum cisterciensium per universum orbem. 1640, in-fol.