Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1895 - tome 56.djvu/427

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accueillait quiconque lui offrait l’occasion d’être utile aux autres, se croyant réellement l’obligé de ceux qu’il obligeait.

« Sa charité privée l’inclinait et le poussait à tout ce qui pouvait en élargir le cercle. Aussi fut-il l’un des premiers et des plus fervents fondateurs de notre œuvre de secours, datant du 19 janvier 1875.

« Son zèle expansif le fit choisir comme secrétaire le 6 juin 1878. Il s’est dévoué, avec sa passion du bien à faire et avec sa patience prudente, à l’organisation définitive de notre Société de secours, contribuant pour sa large part, avec M. Rocquain, à la rédaction des statuts, ainsi qu’à l’obtention de la reconnaissance légale de notre Société, déclarée enfin, après trois années de négociations difficiles, d’utilité publique par décret du 13 juin 1892.

« Aussi, quand, après treize années et demie de secrétariat, Pierre Bonnassieux, dont le temps manquait à ses travaux historiques, dut à regret résigner ses délicates fonctions de secrétaire, M. le président d’alors lui témoigna-t-il sa gratitude particulière pour l’utile et intelligent concours qu’il lui avait prêté avec un zèle si éclairé.

« Ferme chrétien, homme de devoir avant tout et en tout, avant, pendant et après son secrétariat, notre cher dévoué confrère n’a jamais manqué une seule de nos séances, comprenant la nécessité de la présence de tous les membres du Comité pour que le bien à faire se fasse bien.

« Le 25 avril dernier, il eut la joie intime de s’entendre acclamer vice-président à l’unanimité, et le 3 mai il n’était plus ! Il était entré la veille, le 2 mai, dans sa quarante-sixième année, le jour même où j’entrais dans ma soixante-seizième année.

« La mort s’était encore trompée, épargnant le vieux président et enlevant prématurément à la tendresse de sa digne compagne, à l’affection de ses jeunes enfants et de ses amis, dans toute la maturité de son talent et la plénitude de ses bonnes œuvres, cet homme de bien, à la veille même de recueillir le fruit de son labeur. Car la mort l’a surpris au milieu de son travail, mais « l’utilité de vivre n’est pas en l’espace, elle est en l’usage. » S’il a vécu peu de temps, il a beaucoup vécu, puisqu’il a fait bon usage de sa vie. Elle a été celle d’un modeste, d’un laborieux et d’un chrétien qui a su se résigner et mourir plein de foi et d’espérance.

« Il laisse à ses jeunes enfants l’héritage de ses exemples et de l’affection assurée de tous ses confrères, qui, en amis dévoués, n’oublieront pas le jeune fils de leur excellent camarade Pierre Bonnassieux. Adieu, cher, bon et regretté confrère. Au revoir. »