par Bréquigny, pourrait intéresser notre histoire et notre littérature nationales ; les investigations pratiquées dans ces dernières années par de nombreux savants, tels que M. Ch.-V. Langlois, suffisent, je crois, pour démontrer que l’on ne doit pas rechercher les chartes de Philippe-Auguste dans les dépôts anglais.
En face des maigres résultats obtenus jusqu’alors, on en était venu, après Delpit, à admettre que nos ennemis, au moyen âge, n’avaient rien pris dans nos archives. Voici, en effet, comment cet érudit, qui le premier émit cette idée, s’exprime à ce sujet : « Je n’ai donc à examiner que l’enlèvement des archives des provinces, abandonnées sans doute volontairement et sans esprit de retour, par les Anglais, qui songèrent tranquillement, en faisant leurs préparatifs, à emballer les plus précieuses archives qu’ils purent se procurer. Où, comment, pourquoi les Anglais fugitifs entreprirent-ils une spoliation que quiconque qui connaît les mœurs du moyen âge avouera qu’ils n’auraient pu accomplir aux temps les plus heureux de leurs victoires en France ? Tout le monde le dit, mais personne ne cite le passage d’une chronique ou d’un écrivain quelconque, sur l’autorité desquels une pareille assertion ait pu s’établir[1]. » Plus loin, après avoir démontré que les archives des provinces, autrefois soumises à la domination des Anglais, sont au moins aussi riches que celles des autres provinces françaises, et que, malgré les recherches faites à Londres par Bréquigny et d’autres érudits, on ne trouve pas « une seule liasse dont le contenu puisse faire supposer qu’elle ait été violemment enlevée à la France[2], » il dit que tous ces faits s’accordent « pour démentir une tradition qui se trouve dénuée, non seulement de tout témoignage historique, mais de toute probabilité[3]. » Cette assertion de M. Delpit fit foi, et nous voyons M. Langlois, dans les Archives de l’Histoire de France, rejeter également l’opinion contraire. « On croyait autrefois, dit-il, que les Anglais avaient emporté de France, au moyen âge, un grand nombre de chartes et de documents français. Ce préjugé, tout à fait erroné, fut la raison qui décida les ministres de Louis XV à envoyer en Angleterre, sans regarder