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l’hypothèse de la lacune, — qu’ils ont pris cette mention dans ces Annales ou l’y ont tout au moins contrôlée. Et alors pourquoi après s’être servis de Flodoard en 877 n’auraient-ils pas dit immédiatement : c’est à cette année que commencent ses Annales, au lieu de rejeter cette indication à l’année 917 ? Il faudrait, par conséquent, pour justifier l’hypothèse de M. Lauer, supposer une double erreur ou, pour parler avec plus de précision, un oubli et une erreur, ce qui est vraiment inadmissible.

La seule chose qu’il y eût à faire remarquer, c’est que cette date de 917 n’était pas tout à fait exacte ; il aurait fallu 919 et non 917. Devait-on en conclure, comme Mabillon[1], que deux années manquaient dans les Annales, ou pouvait-on supposer une erreur de copiste ? À notre avis, cette dernière hypothèse était évidemment celle qui se présentait le plus naturellement à l’esprit. Un copiste avait parfaitement pu écrire « DCCCCXVII » pour « DCCCCXVIIII ; » la différence de graphie est si petite. Et cette hypothèse était corroborée, pour ne pas dire justifiée, par la constatation d’une erreur manifeste dans le paragraphe suivant. Ces Chroniques mentionnent, à l’année 918, l’abandon de Charles le Simple par les grands qui ne s’est certainement produit qu’en 920. Pourquoi le copiste ou même le chroniqueur qui a mis 918 au lieu de 920 n’aurait-il pas mis, à une ligne de distance, 917 au lieu de 919 ?

Il nous paraît résulter, avec évidence, de toutes ces observations et de toutes ces constatations que les érudits qui ont considéré la date de 877 comme la date initiale des Annales de Flodoard se sont complètement trompés et que l’hypothèse d’une lacune en tête de l’œuvre doit être abandonnée sans la moindre hésitation.

M. Lauer admet la première partie de cette conclusion, mais non la seconde.

Examinons donc son raisonnement. En étudiant quelques-uns des manuscrits qui contiennent les Annales de Flodoard, il a remarqué, après Pertz, que certaines années étaient accompagnées de nombres écrits, chose singulière, en lettres majuscules grecques. Le premier de ces nombres (ΛΓ, c’est-à-dire 33) se trouve à la suite de l’année 925 ; ils se continuent sans interruption, dans le manuscrit de Montpellier tout au moins, jusqu’à

  1. Acta SS. O. B., sæcul. V, 331.