N’y a-t-il pas des chances, par suite, pour qu’elle ne se trouvât pas dans l’original ?
D’un autre côté, aucun manuscrit, qu’il appartienne à la première famille ou à la seconde, ne permet, par son état matériel, de supposer une lacune avant l’année 919.
On n’a cité, en outre, aucun passage d’un chroniqueur ancien ou d’un écrivain quelconque du moyen âge qui autorisât une pareille hypothèse. Bien mieux, M. Lauer en cite un, après Mabillon d’ailleurs, qui est aussi affirmatif que possible dans le sens contraire. La Chronique de Saint-Maurice d’Angers contient, en effet, dans la partie qui a été rédigée avant 1040, le passage suivant : « DCCCCXVII. Initium chronicæ Frodoardi[1]. » Et ce passage, personne ne l’avait encore fait remarquer, a été reproduit et par suite corroboré par la Chronique de L’Évière, dite de Vendôme[2], dont la première partie a été rédigée entre 1057 et 1060.
Que peut-on souhaiter de plus net et de plus catégorique ? Ce témoignage cependant n’embarrasse pas beaucoup M. Lauer ; il a même une façon par trop sommaire d’en faire justice. « Il se pourrait, » se contente-t-il de dire en note[3], « que DCCCCXVII fût une erreur pour 877, » et c’est tout. Mais cette hypothèse d’une erreur aussi forte n’est pas admissible, et pour des raisons péremptoires.
Est-il naturel, en effet, de supposer une erreur aussi grave dans une série de notations chronologiques comme celles qui forment la première partie de ces deux chroniques ? Ces notations sont très brèves et la date de l’année les précède toutes d’une façon très apparente. Comment concevoir, par conséquent, que ces chroniqueurs aient été assez distraits ou se soient assez lourdement trompés pour mettre entre les années 912 et 918 ce qui aurait été relatif à 877 ?
Voici, en second lieu, une observation décisive. Ces chroniqueurs notent tous les deux, à l’année 877, la mort de Charles le Chauve[4]. Comme on sait, par leur propre témoignage, qu’ils ont connu les Annales de Flodoard, on est forcé de conclure, — toujours dans