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jamais été acquittés, elles faisaient l’objet d’un article spécial. Mais sur bien des points le traité avait été mal exécuté, et certaines clauses accessoires qui n’y figurent point, mais dont la réalité n’en est pas moins certaine, n’avaient pas été mieux observées[1]. Il convient enfin de relever ce détail capital, qu’on s’expliquera mieux dans un instant, que le projet d’alliance nous est connu par une copie « de la main de l’évêque de Londres ».

Mécontent de l’inexécution des engagements pris à son égard, Charles le Mauvais sortit de France au mois de novembre 1354, et, non sans quelque mystère, se rendit à Avignon, à la cour du pape[2]. Il s’y rencontra, — il est difficile de voir là une coïncidence fortuite, — avec l’ambassade extraordinaire envoyée par Édouard III pour répondre à l’appel d’Innocent VI, qui, contre toute espérance, s’efforçait de rétablir une paix durable entre d’irréconciliables adversaires. De cette ambassade faisaient notamment partie le duc de Lancastre et l’évêque élu de Londres, Michel de Nortburgh[3]. On sait que le roi de Navarre, après avoir feint de quitter Avignon avec toute sa suite, y rentra à la dérobée et pendant plus de quinze jours multiplia les conférences secrètes avec le duc de Lancastre[4]. Ces entrevues avaient lieu la nuit, tantôt dans la demeure du cardinal d’Arras, tantôt dans celle du cardinal de Boulogne[5]. Charles le Mauvais ne s’attarda

    par des lettres du mois de mai 1354. (Op. et loc. cit., n. 4.) Cf. Secousse, Recueil, p. 42.

  1. Secousse, Mémoires, p. 47-48.
  2. Grandes Chron., VI, p. 13-14 : « Item, assez tost après, c’est assavoir environ le moys de novembre, l’an dessusdit, le roy de Navarre se parti de Normendie et s’en ala latitant en divers lieux jusques à Avignon. »
  3. Voy. la composition de cette ambassade dans Rymer, Record éd., III, p. 283. « De tractatu cum ambassiatoribus Franciæ coram Papa continuando. » (Rockingham, 18 août 1354.)
  4. Secousse, Mémoires, p. 52.
  5. Ibid. Le cardinal d’Arras est Pierre de Colombiers, successivement évêque de Nevers et d’Arras, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Susanne, et enfin évêque d’Ostie et de Velletri. Il était neveu du cardinal Pierre Bertrand. Il avait été élevé au cardinalat par Clément VI, le 26 février 1344. Innocent VI le nomma évêque d’Ostie et de Velletri en 1355. Le cardinal de Boulogne (Guy d’Auvergne, archevêque de Lyon, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Cécile, puis évêque de Porto et de Sainte-Ruffine) était tombé en disgrâce peu de temps après le traité de Mantes, comme tous ceux qui avaient pris part aux mêmes négociations. (A. Du Chesne, Hist. de tous les cardinaux français, Paris, 1660, in-fol., p. 501, 525.)