Aller au contenu

Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1906 - tome 67.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

notée : toutes ces lettres, sauf une[1], débutent par la formule : « De par la contesse d’Artois et de Borgoingne. » Cette adresse est écrite en vedette, en tête de la pièce, qui commence par l’apostrophe classique : « Sire Jehan, » ou : « Jehan. » Ce début fait penser aux mots : « De par le roy, » qui, depuis le milieu du xive siècle, se trouvent en tête des lettres closes émanées de la chancellerie royale ; on sait que ces lettres formèrent dès lors une catégorie spéciale, reconnaissable à cette formule et à d’autres signes invariables. Doit-on conclure de ce fait que, dès Philippe le Long, les lettres closes écrites au nom du roi ont revêtu la forme que nous leur connaissons pour l’époque de Jean le Bon et de Charles V ? Cela n’est pas impossible, quoiqu’à vrai dire l’absence de documents originaux laisse subsister l’incertitude. Il est vrai que, dans les registres du Trésor des chartes, la formule : « De par le roy, » n’a pas été transcrite en tête des lettres closes expédiées au nom de Philippe le Bel, mais rien ne dit que ce mode de rédaction n’ait pas été en usage quelques années plus tard. Remarquons encore à ce sujet que, parmi les pièces de Saint-Omer, la copie d’une lettre close écrite par Charles de Valois au maréchal Jean de Beaumont commence par les mots : « De par le conte de Valoys à nostre chier et amé Desramé de Biaumont, mareschal de France, salut et boene amour[2]. » On sait que, dans la maison de France, les princes du sang ont souvent adopté pour la rédaction de leurs actes les usages de la chancellerie royale. Tel pourrait avoir été le cas de la comtesse Mahaut d’Artois. Quoi qu’il en soit, avec la formule initiale, avec l’interpellation du début, avec les souhaits de la fin et la date sans mention d’année, ces lettres de la comtesse d’Artois ressemblent fort, pour le style, aux lettres closes du roi Jean.

Il suffit d’étudier et de comparer entre elles les lettres adressées par la comtesse Mahaut à Jean Bon-Enfant pour avoir la certitude qu’elles ne sont pas autographes ; cela ne les empêche pas d’être personnelles et d’avoir été dictées par la comtesse elle-même, ainsi que le prouvent des mentions semblables à celle-ci : « Donné le Joedi absolu, au disner. Mandés nos tous jours de vos nouveles[3]. » Mais, si nous devons y chercher le style même de Mahaut, nous tomberions dans l’erreur en croyant qu’elle les a

  1. Pièce 6.
  2. Pièces 12 et 12 bis.
  3. Pièce 7.