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on a brisé l’un et déchiré l’autre, de sorte qu’il ne reste plus que des traces ou des débris de sceau au dos d’une pièce dont l’adresse est tombée avec l’attache qui la portait. C’est par ce procédé qu’ont été fermées les lettres closes originales conservées par Jean Bon-Enfant. Aucune d’elles ne porte d’adresse au dos ; toutes sont entaillées par des incisions qui mesurent plus d’un centimètre ; on a donc pu y faire passer des bandes de parchemin assez larges pour porter les adresses ; ces bandes ont toujours été des queues de parchemin adhérant aux lettres, ainsi que le prouvent les sections et les déchirures pratiquées pour les enlever. Dans plusieurs cas, il est resté à la base de la lettre une pointe qui représente évidemment le talon de la queue de parchemin[1]. Les cachets, ou du moins les traces et les débris qui en sont restés, sont généralement en cire rouge[2].

En ce qui concerne le style, on doit s’attendre à la plus grande diversité dans la rédaction de lettres closes, surtout lorsqu’elles proviennent de différentes personnes. Tout s’y trouve, instructions adressées à des inférieurs, rapports des agents à leurs seigneurs, récits plus ou moins détaillés d’événements récents. L’emploi des formules et l’observation d’usages précis ne peuvent se rencontrer ici que dans les premiers mots des pièces, dans les phrases de politesse par lesquelles elles se terminent le plus souvent, et dans les dates. D’une manière générale, nous remarquons que les lettres closes reçues par Jean Bon-Enfant commencent presque toujours par une interpellation : « Jehan, » « Cher ami Jehan Boin Enfant, » « Sire Jehan Boin Enfant, » et qu’elles finissent dans beaucoup de cas par les souhaits d’usage : « Diex vous gart, » « Diux soit garde de vous, » « Nostre Sires vous wart. » La date ne mentionne qu’exceptionnellement l’année de l’Incarnation[3]. Ces caractères généraux se retrouvent dans toutes les lettres adressées au maire de Saint-Omer par la comtesse Mahaut ; on y relève, en outre, une particularité digne d’être

  1. Pièces 5, 6, 7, 11 et 31. Ces numéros sont ceux que les lettres portent dans la publication de M. l’abbé Bled.
  2. Une lettre de la comtesse Mahaut (no 4) a été scellée en cire verte. Une autre, adressée à Jean Bon-Enfant par quatre officiers royaux, porte les traces de quatre cachets (no 13), tandis qu’on aperçoit les restes de cinq signets rouges au dos d’une petite lettre adressée au mayeur de Saint-Omer par les trésoriers du roi (no 17).
  3. Pièce 13.