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Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1906 - tome 67.djvu/502

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valoir pendant longtemps, malgré quelques divergences d’auteurs secondaires qui persistèrent à l’appeler, conformément à l’orthographe de quelques manuscrits, Le Moine de Bascle ou de Bastle[1].

Cependant, les différentes leçons d’un certain nombre de manuscrits de Froissart, présentant ce nom sous les formes Basèle, Baselle, Baselée, éveillèrent des doutes chez le baron Kervyn de Lettenhove, le premier qui nous ait donné une édition bien complète de Froissart, et dans une note de cette édition[2], il essaya de démontrer que ce chevalier était Alard de Bazeilles mentionné dans le manuscrit latin de la Bibliothèque nationale 10163, fol. 67 vo, comme ayant, en 1307, rendu hommage à Henri, comte de Luxembourg, en s’engageant à le servir contre tous, hormis l’évêque de Liège. Il explique ainsi le surnom de Le Moine qui lui aurait été donné : « Les seigneurs de Bazeilles (Ardennes, arr. et cant. de Sedan) portaient pour cimier un moine ou un ermite tenant un chapelet, et ce cimier passa depuis aux sires de Failly qui ont la même origine. De là le surnom de Moine qu’on rencontre chez les sires de Failly et qui fut sans doute porté aussi par les sires de Bazeilles. Alard de Bazeilles ne mourut pas à la bataille de Crécy et put la raconter à Jean le Bel ou à Froissart, car, en 1357, il siégea encore parmi les pairs de la cour plénière de Bouillon. » (Notes communiquées par M. Jeantin.)

Dans cette note, rien ne prouve que les sires de Bazeilles aient jamais porté le surnom de Moine, M. Kervyn de Lettenhove n’émet à ce sujet qu’une opinion dubitative.

M. Luce, dans son édition de Froissart[3], est plus affirmatif bien qu’il s’appuie sur la seule autorité de Kervyn. « Il est aujourd’hui démontré, dit-il, que l’habile et courageux chevalier, dont les sages conseils, si on les eut suivis, auraient sauvé l’armée française à Crécy était originaire de l’ancien comté de Luxembourg. » Il reprend ensuite les arguments du précédent éditeur de Froissart pour démontrer qu’il était de Bazeilles, près de Sedan,

  1. Voy., par exemple, Joachim Ambert, Mémoire sur l’expédition anglaise de 1346 et sur la bataille de Crécy. Paris, 1845, p. 95 et 114. (Extrait du Spectateur militaire.) Le P. Daniel, dans son Histoire de France, t. IV, 2e partie, p. 156, l’avait déjà nommé « de Bascle dit le Moine ».
  2. T. V, p. 475.
  3. T. IV, p. liv.