Nounlegos
Roman par R. Bigot
PREMIÈRE PARTIE
ounlegos. C’est ce nom, écrit au crayon sur un papier de salle d’attente, que lisait
M. de Landré, juge d’instruction près du parquet de la Seine, en jetant un
coup d’œil sur sa table, alors qu’il remettait
son chapeau et ses gants au garçon de bureau.
Prévenant la question, le garçon expliquait :
« C’est un vieux monsieur qui demande à parler à monsieur le juge d’instruction, au sujet de l’affaire Charfland ; il se refuse à toute autre explication. Engagé à demander une audience par écrit en exposant le motif, il a répondu : « Je viens proposer une aide pour la découverte de la vérité ; je ne sollicite rien ; je fais une démarche ; je ne la renouvellerai pas. »
« Que dois-je faire, monsieur le juge ?
— Laissez-moi un instant, je vous rappellerai. »
Et M. de Landré, songeur, tenant dans une main le carré de papier où le nom de Nounlegos se détachait en grands caractères irréguliers, mais nettement tracés, s’assit en le contemplant.
Combien de fois avait-il été dérangé par des importuns affirmant avoir des renseignements de la plus haute importance relatifs à telles ou telles affaires et qui, finalement, lui faisaient perdre du temps sans intérêt pour les causes ! C’est cela qui l’avait conduit à ne donner audience — sauf cas exceptionnel — qu’après demande écrite.
Mais cette fois, quelque peu initié de par sa profession aux soi-disant mystères de la graphologie, il examinait attentivement ces