Page:Billaud - Frissons, 1874.djvu/57

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N’ayant point à subir la loi de son rameur,
La nacelle s’en va doucement en dérive,
Caressant les roseaux de l’une et l’autre rive,
Sous la branche du vergne ou du saule pleureur.


Encore tout empreint des baisers de l’hymen,
Le visage incarnat de la blonde charmeuse
Éclipse la fraîcheur de ces filles de Greuze
Que l’Aurore un matin lui montra dans l’Éden.


Et quand vit-on jamais l’éclair d’aussi beaux yeux
Plonger dans le miroir de ces sources profondes,
Depuis les jours lointains où les nymphes des ondes
Enchaînaient à leurs bords les faunes amoureux.


Un mirage charmant se montre aux deux époux :
Le sourire a passé sur leurs lèvres mi-closes,
Ils ont vu leur enfant étendu sur des roses
El se montrent de l'œil les nénuphars jaloux.


On entend leurs baisers, et la brise des eaux,
Caressant doucement leur belle chevelure,
Y trouve des parfums qu’aussitôt la nature
Aspire à pleins poumons à travers les roseaux.