Page:Binet-Valmer - Le Soldat inconnu, paru dans L'Action française, 04-11-1920.djvu/5

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qui essayait de dérober un ossement humain. J’ai vu les ossuaires où les tibias s’entassent, où l’on apporte, à chaque heure, un débris. J’ai entendu nos paysans exprimer leur crainte quand la charrue effleurait le monticule. Ce sont paroles de ministres qui proclament que tous nos morts sont respectés là-haut. Les morts que nous mettrons à l’abri nous en seront reconnaissants. Il y a beaucoup de morts exposés, Monsieur Charles Maurras, sur les champs de bataille dont je suis le familier.

Avant d’écrire ma première lettre à l’Intransigeant, avant de donner mon premier article au Journal, j’ai pris conseil, non seulement de Cassagnac et de Le Provost de Launay, mais du lieutenant Péricard, le héros qui a crié : « Debout les morts ! » Il m’a répondu que le fossé n’était pas consacré, où pourrissait, dans un bois mal nettoyé, l’un de ceux qu’il a fait revivre quelques minutes pour défendre la patrie.

Héricourt, je ne suis pas imprudent, mais je ne crois pas aux discussions stériles des comités solennellement réunis. L’Action française, qui publiera cette réponse parce qu’elle a le respect de la légalité, ne saurait m’en vouloir d’être un chef. J’écoute tous les conseils, mais je n’attends pas, pour agir, qu’une assemblée représentative ait pris les responsabilités que je réclame pour moi seul. Je réclame la responsabilité de cet acte : j’ai empêché que les ombres soient mécontentes, le 11 novembre. L’idée de transférer un mort inconnu au Panthéon ne m’appartient pas, mais l’action directe m’appartient, parce que l’on sait ce dont je suis capable.

Et vous le savez, mon vieil Héricourt, et c’est pour cela que vous m’aimez bien, quoi que vous me donniez la fessée de temps à autre. Puisque nous avons des cœurs qui battent à l’unisson et que tout de même je suis votre chef, je vous donne une consigne : obtenez de Mgr l’archevêque de Paris, du grand rabbin de France et d’un repré-