Page:Binet - Féré - Le magnétisme animal.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
HISTORIQUE. — MESSMER

tique, bien qu’il s’en soit défendu. Son originalité est d’avoir, en quelque sorte, mis la main sur le prétendu principe universel du monde et de l’avoir dirigé sur les malades au moyen des attouchements et des passes. Ses prédécesseurs ne paraissent pas s’être adonnés à ces pratiques ; ils croyaient qu’il était suffisant, pour diriger l’esprit vital, de se servir de talismans et de boites magiques.

Antoine Mesmer naquit en Allemagne en 1734 ; il se fit recevoir docteur-médecin à la Faculté de Vienne, et prit pour sujet de sa thèse : De l’influence des astres, des planètes sur la guérison des maladies (1776). Il prétendait prouver que le soleil, la lune et les corps célestes agissent sur les êtres vivants au moyen d’un fluide subtil qu’il appelait magnétisme animal, pour marquer ses communes propriétés avec l’aimant. Depuis la publication de cette œuvre bizarre et mystique, Mesmer avait fait la rencontre du P. Hell, jésuite, professeur d’astronomie, qui, en 1774, établi à Vienne, guérissait des maladies au moyen de fers aimantés. Découvrant quelque analogie entre les expériences du père Hell et ses propres théories astronomiques, Mesmer voulut essayer les effets de l’aimant dans le traitement des maladies.

Le récit de ses cures remplit les journaux de Vienne. Divers personnages importants attestèrent qu’ils avaient été guéris, parmi lesquels Ostervald, directeur de l’Académie des sciences de Munich, atteint de paralysie, et Bauer, professeur de mathématiques, d’une ophthalmie opiniâtre. Mais, d’autre part, les corps savants de son pays résistèrent à ses expériences, et il écrivit à la plupart des Académies de l’Europe des lettres qui restèrent sans réponse. Bientôt, il abandonna les aimants et les appareils du P. Hell, se borna à imposer les mains, et déclara que le magnétisme animal est distinct de l’aimant.

Forcé de quitter Vienne a la suite d’une aventure qui n’a rien de clair, Mesmer vint à Paris. Il s’installa d’abord dans un quartier obscur, place Vendôme, et se mit à enseigner sa théorie du fluide magnétique. Un mémoire sur la découverte du magnétisme, qu’il publia en 1779, annonça au monde qu’il avait trouvé un principe capable de guérir toutes les maladies.Il résumait sa doctrine dans 27 propositions ou plutôt assertions, dont la plupart ne font que reproduire les conceptions nuageuses de la médecine magnétique.