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HISTORIQUE. — MESSMER

gorge, par des soubresauts des hypocondres et de l’épigastre, par le trouble et l’égarement des yeux, par des cris perçants, des pleurs, des hoquets et des rires immodérés. Elles sont précédées ou suivies d’un état de langueur ou de rêverie, d’une sorte d’abattement et même d’assoupissement.

« Le moindre bruit imprévu cause des tressaillements ; et l’on a remarqué que le changement de ton et de mesure dans les airs joués sur le piano-forte influait sur les malades, en sorte qu’un mouvement plus vif les agitait davantage, et renouvelait la vivacité de leurs convulsions. On voit des malades se cherchant exclusivement, et, en se précipitant l’un vers l’autre, se sourire, se parler avec affection et adoucir naturellement leurs crises. Tous soumis à celui qui magnétise, ils ont beau être dans un assoupissement apparent, sa voix, son regard, un signe les en retire. On ne peut s’empêcher de reconnaître, à ces effets constants, une grande puissance qui agite les malades, les maîtrise, et dont celui qui magnétise semble être le dépositaire. Cet état convulsif est appelé crise. On a observé que dans le nombre des malades en crise, il y avait toujours beaucoup de femmes et peu d’hommes ; que ces crises étaient une ou deux heures à s’établir, et que, dès qu’il y en avait une d’établie, toutes les autres commençaient successivement et en peu de temps. »

Lorsque l’agitation dépassait certaines limites, on transportait les malades dans une salle matelassée ; on y délaçait les femmes qui alors pouvaient, sans se faire de mal, battre les murs ouatés avec leur tête.

Au milieu de cette foule palpitante, Mesmer se promenait en habit de soie lilas, et magnétisait avec le concours de Deslon et de ses aides, qu’il choisissait jeunes et beaux. Mesmer tenait à la main une longue baguette de fer dont il touchait les corps des patients et surtout leurs parties malades ; souvent, abandonnant la baguette, il les magnétisait des yeux, en fixant son regard sur le leur, ou bien il faisait une application des mains sur les hypocondres et les régions du bas ventre. Cette application était parfois continuée pendant des heures. D’autres fois le maître employait les passes. D’abord il se mettait en rapport avec le sujet. Assis en face de lui, pieds contre pieds, genoux contre genoux, il posait ses doigts sur les hypocondres, puis il les promenait en effleurant légèrement les côtes. Ces mani-