vient à lire ce qui lui est offert et joue avec une vivacité extrême plusieurs parties de piquet. Et quelle précaution prend-on pour empêcher cet individu de lire à travers ses cils ? Les commissaires se bornent à surveiller ses yeux, sans se douter que rien n’est plus facile de lire avec les yeux clos en apparence. Dans une autre séance, un jeune étudiant en droit, Paul, sur l’œil duquel un commissaire a soin de presser avec la main, est d’une clairvoyance merveilleuse ; il devine des cartes, et lit presque couramment. Le rapporteur remarque cependant que le globe de l’œil était dans un mouvement continu de rotation et paraissait se diriger vers l’objet soumis à la vision. Ajoutons que le jeune homme lisait lentement, devant une grande croisée, qu’il faisait des fautes, et nous conviendrons avec le Dr Ségalas, de l’Académie, qui avait lui-même tenu une fois les mains sur les yeux du sujet, que ce dernier a probablement pu agiter les paupières, saisir quelques caractères et deviner le reste. En tout cas, il faudrait des expériences d’une autre valeur pour admettre la vision et la lecture à travers les paupières baissées. Nous ne parlerons pas de la vision intérieure, de la prévision des crises, de l’instinct des remèdes. Ce sont des expériences marquées au même coin.
À côté de ces constatations fâcheuses, on trouve quelques bonnes descriptions du somnambulisme. Les commissaires ont vu que les sujets présentent, en s’endormant, une « accélération de la circulation et de la respiration, des mouvements fibrillaires passagers, ressemblant à des secousses électriques, puis un engourdissement, un assoupissement... le sujet répond parfois d’une manière précise aux questions qu’en lui adresse ; mais la plupart du temps, il est complètement étranger au bruit extérieur et inopiné fait à son oreille... Les yeux sont fermés ; si on relève la paupière, on trouve l’œil convulsé et porté en haut... L’insensibilité est fréquente à la surface du corps ; on peut pincer la peau de manière à l’ecchymoser, la piquer sous l’ongle avec des épingles, sans troubler l’impassibilité du sujet. » Toute cette description est excellente ; il est fâcheux que les commissaires, qui ont bien vu le phénomène naturel, n’aient pas su le dégager de la fantasmagorie qui l'entourait.
En résumé, les commissaires firent deux fautes. La première, ce fut de confondre la question du magnétisme animal avec les