Page:Binet - Féré - Le magnétisme animal.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
L'ACADÉMIE DE MÉDECINE EN 1825

« Considéré comme agent de phénomènes physiologiques ou comme moyen thérapeutique, le magnétisme devrait trouver sa place dans le cadre des connaissances médicales, et par conséquent les médecins seuls devraient en faire ou en surveiller l’emploi, ainsi que cela se pratique dans les pays du Nord.

« La commission n’a pu vérifier, parce qu’elle n’en a pas eu l’occasion, d’autres facultés que les magnétiseurs avaient annoncé exister chez les somnambules. Mais elle a recueilli et elle communique des faits assez importants pour penser que l’Académie devrait encourager les recherches sur le magnétisme comme une branche très curieuse de psychologie et d’histoire naturelle.

« Ont signé : Bourdois de la Motte, Fouquier, Guéneau de Mussy, Guersant, Itard, J. Leroux, Marc, Tuillaye, Husson, rapporteur. »

NOTA — MM. Double et Magendie, n’ayant point assisté aux expériences, n’ont pas cru devoir signer le rapport.

Tel est ce célèbre rapport, dont les magnétiseurs firent tant de bruit, et que l’Académie n’osa pas imprimer.

Il faut bien l’avouer, les commissaires ne suivirent pas dans leurs recherches une méthode rigoureusement scientifique. Désireux avant tout de prouver l’existence ou la non-existence du magnétisme animal, ils s’attachèrent presque exclusivement à l’étude des faits extraordinaires. Il leur semblait que s’ils pouvaient trouver une expérience dépassant les limites du possible, le magnétisme animal serait prouvé du même coup. C’était mal poser la question, car il pouvait arriver que le magnétisme fût à la fois un fait réel et un fait conforme aux lois physiologiques connues. Les commissaires ne comprirent pas cette vérité élémentaire. Poussés par la curiosité du merveilleux et du surnaturel, ils portèrent leur attention sur les phénomènes les plus contestés et les plus sujets à contestation, tels que la transposition des sens, la lecture à travers un bandeau opaque ou à l’épigastre, ou à l’occiput, la vue des organes intérieurs, la connaissance des maladies et le discernement des remèdes.

Sur tous ces points, il semble bien que l’enquête fut assez mal conduite, et que les commissaires négligèrent de s’entourer de précautions suffisantes. Il y eut des expériences vraiment fâcheuses. Le rapport constate qu’un somnambule nommé Petit, les yeux fermés si bien que les cils s’entrecroisent, sous la surveillance continuelle des commissaires, qui « tiennent la chandelle » par-