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Dimanche, 10 mai 1896 :

Repas terminé à midi et demi. Une côtelette ; quatre œufs ; pain (pour 2 sous) ; 1/2 litre de lait ; un café ; une orange.

Travail intellectuel sérieux (Marey, Méthode graphique, p. 13 à 63).

Lorsqu’on traçait le pouls la deuxième fois (3 heures un quart), les mains étaient déjà anémiques, d’une couleur verdâtre, et n’avaient pas beaucoup de chaleur.

À 4 heures et demie à peu près, je commençais à avoir faim ; fatigue dans les bras.

Les yeux un peu fatigués à force de lire, mais la fatigue intellectuelle n’était pas bien marquée.

Pendant que le pouls se traçait sur le cylindre, je ne pouvais pas m’empêcher de penser aux conditions de l’expérience que nous faisions, à sa signification, sa valeur, etc.

Journée du 13 mai 1896 :

Le même repas que dimanche, 10 : une côtelette ; quatre œufs ; pour 2 sous de pain ; 1/2 litre de lait ; un café ; une orange.

Conditions physiques, intellectuelles et morales, à peu près les mêmes que la dernière fois.

Travail intellectuel continu étant défendu, nous cherchions à nous distraire le mieux possible (en causant, lisant des journaux humoristiques, en écoutant M. C..., qui jouait un peu du violon, etc., etc.).

J’ai remarqué qu’il y avait, jusqu’à la fin de l’expérience, dans mes mains beaucoup plus de sang qu’après le travail intellectuel, et qu’elles étaient par conséquent d’une couleur plus fraîche, plus rose et d’une température plus élevée.

Quant à la fatigue physique, qui était très marquée après le travail intellectuel, il n’y en avait pas aujourd’hui ; mais j’admets que cela tient, pour la plus grande partie, à la liberté de se mouvoir, qui était accordée aujourd’hui à tout le corps (les mains, les jambes, la tête, les yeux, la bouche, etc.) ; tandis que, pendant le travail continu, le corps et les membres étaient tout le temps dans à peu près la même position.

Vers la fin, une certaine fatigue psychique à cause de l’ennui.

La sensation de faim, qui apparaissait la dernière fois vers 4 heures et demie, se montrait aujourd’hui beaucoup plus tard et était presque imperceptible.

Voyons maintenant la forme du pouls (fig. 36) ; à 2 heures et demie (deux heures après le repas), le pouls est d’amplitude moyenne, dicrotisme à mi-chemin de la