Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/132

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précédent seulement par ce fait que le calcul mental produit chez lui un rapetissement du pouls (vaso-constriction) ; il en est résulté qu’avec une contre-pression faible, — le sphygmomanomètre fonctionnant comme un pléthysmographe, — le seul effet du calcul mental a été ce rapetissement du pouls.

Ici doit trouver place une critique du travail de M. Kiesow, cité plus haut. Cet auteur est le seul qui ait étudié méthodiquement la pression du sang pendant le travail intellectuel, et nous regrettons beaucoup d’avoir à mettre en doute les résultats de son travail, et surtout de critiquer sa technique. Kiesow ne s’est pas demandé quelle est la contre-pression qu’il faut choisir pour enregistrer le tracé capillaire pendant le travail intellectuel : il ne discute pas la question, qui cependant, comme nous l’avons dit, est de la plus grande importance ; il a constamment choisi comme pression constante la contre-pression optima, celle qui donne au pouls son maximum d’amplitude.

Nous ne trouvons dans son travail aucune justification de son choix. Ce choix, il faut bien l’avouer, n’a pas été heureux, comme le montrent les nombreux tracés (1 à 6) insérés dans son travail. Dans ces tracés, on ne voit pas si le calcul mental a eu quelque influence sur la pression du sang, car l’amplitude du pouls ne présente aucun changement. Il est possible que, chez les individus qu’il a étudiés, le travail intellectuel ne produisît aucun effet sur la pression, parce que ce travail intellectuel n’était pas suffisamment considérable ; mais nous devons ajouter que, quand même la pression aurait été augmentée par le travail, cette augmentation n’aurait pas pu se voir sur les tracés de Kiesow, puisque cet auteur se servait du sphygmomanomètre comme d’un pléthysmographe, et non comme d’un manomètre. Ce qui nous paraît le plus vraisemblable, c’est que, chez les sujets du savant allemand, le calcul mental n’a produit aucun changement d’amplitude du pouls ; aussi les tracés ont-ils été négatifs, comme l’ont été ceux que nous