peut-on dire, complètement ignorés. Il est de connaissance vulgaire que la marche et la course accélèrent le cœur, et on a une tendance à généraliser cette observation exacte, et à dire que tout exercice physique accélère le cœur. C’est absolument faux. Des expériences récentes faites par Binet et Vaschide ont prouvé que chez des enfants de douze ans un violent effort physique, par exemple une forte pression au dynamomètre, l’ascension d’une perche à la force des bras, produisent un ralentissement considérable du cœur ; à la descente de la perche, le cœur ne donne plus pendant 15 secondes que 10 battements, ce qui ferait 40 battements par minute, si cet état de ralentissement continuait ; mais il ne dure guère, fort heureusement. Chez l’adulte, on provoque aussi, par de vigoureux efforts physiques, le ralentissement du cœur, mais dans des proportions moindres.
Nous avons maintenant un terme de comparaison pour comprendre quels sont les effets du travail intellectuel sur la vitesse du cœur. Il y a plusieurs cas à distinguer, car ce terme très vague de travail intellectuel embrasse plusieurs opérations mentales de nature très différente. Lire un roman amusant, c’est faire du travail intellectuel ; résoudre un problème d’algèbre, c’est également travailler de tête, mais d’une tout autre façon ; il y a lieu aussi de distinguer suivant que l’effort mental est court, dure à peine quelques secondes ou une minute, ou bien se prolonge pendant plusieurs heures.
Le type du travail intellectuel court et intense, nous l’avons déjà dit, est le calcul mental ; tous ceux qui savent leur table de multiplication peuvent faire un peu de calcul mental. Ce sont des opérations qui exigent d’abord de la mémoire, pour retenir la donnée et les produits partiels, et aussi une concentration d’esprit et une force de combinaison. On peut graduer la difficulté en faisant exécuter des séries de multiplications dans lesquelles on augmente le nombre de chiffres des facteurs.