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LES SENSATIONS, LES PERCEPTIONS, L’ATTENTION

cette même méthode permet de comparer entre eux des sujets différents puisqu’on peut mettre ces différents individus dans les mêmes conditions extérieures.

C’est là ce que dans les chapitres précédents nous avons appelé expérimentation. Toute personne qui, soumise à des expériences de ce genre, simulerait, ou, ce qui est plus vraisemblable, ferait des réponses sans réfléchir et sans prendre la peine de s’observer avec soin, donnerait des résultats qui seraient tellement contradictoires que par là même la personne serait jugée.

Il est de la plus grande importance, on le comprend, de choisir un individu qui soit capable de s’analyser et possède ce qu’on peut appeler le sens psychologique. Cette aptitude à l’analyse des états de conscience a toujours été considérée comme fondamentale par les anciens psychologues, qui comme Mill, Bain, et ceux de l’école française employaient l’introspection à l’exclusion de toute autre méthode. Dans ces dernières années, le perfectionnement de l’outillage des laboratoires a fait un peu perdre ce point de vue. On s’est avant tout occupé de perfectionner les chronomètres et les différents appareils servant à la mesure des sensations ; la durée des phénomènes de conscience a été mesurée en millièmes de seconde. L’expérimentateur s’est trouvé forcé d’accorder la majeure partie de son attention à des appareils qui étant très délicats ont besoin d’une surveillance continuelle pour fonctionner exac-