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CHAPITRE XII

La force d’attention volontaire.


Les auteurs qui ont traité de l’attention et de son mécanisme au point de vue de la psychologie générale ont jugé que l’explication complète de cette fonction importante ne pouvait être donnée que si on prenait en considération non seulement l’attention volontaire, réfléchie, hautement élaborée, mais l’attention spontanée dans ses formes les plus humbles. Sans doute, on a eu raison, au point de vue de la psychologie générale, d’employer cette méthode dite génétique. Mais il en est tout autrement, je crois, pour la psychologie individuelle ; ici, ce qu’il importe d’étudier, ce n’est pas la forme primitive et spontanée, mais bien la forme complexe et réfléchie ; car dans la constitution d’un caractère, le développement de la force volontaire d’attention tient une place des plus importantes, tandis que la disposition à l’attention spontanée est presque négligeable. C’est l’attention volontaire qui exprime la maîtrise de soi, la coordination de tout l’être, et qui est juste l’opposé, dans le domaine intellectuel, de l’éparpillement, des caprices et de l’aboulie. Aussi doit-on en psychologie individuelle remettre les choses en place ; quand on s’occupe d’attention, c’est surtout presque exclusivement d’attention volontaire qu’on doit parler.

Or, l’attention volontaire est un effort, un effort est toujours pénible ; l’attention volontaire doit donc s’exercer contre une résistance ; elle suppose une direction nou-