supériorité sur sa sœur est manifeste. Toutes deux gagnent en vitesse, à mesure que l’expérience se répète ; elles se conforment du reste à une règle que j’ai toujours rencontrée dans mes expériences[1], seulement cette courbe de progrès est loin d’avoir la même régularité chez les deux sœurs.
Marguerite augmente régulièrement, d’une expérience à l’autre, ce qui nous prouve qu’elle apporte chaque fois la même application. Armande, au contraire, quoique placée dans les mêmes conditions matérielles et morales, ne progresse pas régulièrement, mais par à-coup : grands progrès entre la 1re et la 2e expérience, rien entre la 2e et la 3e , grand progrès brusque entre la 3e et la 4e . Évidemment, elle ne s’applique pas avec la même régularité d’attention que sa sœur. Enfin, dernier trait assez inattendu : il se produit chez Marguerite pendant le travail rapide des signes manifestes d’énervement ; ce sont des soupirs bruyants, des plaintes continuelles sur les erreurs qu’elles commet et ne peut pas éviter. Elle est toujours mécontente de ce qu’elle a fait ; Armande, au contraire, travaille dans un silence parfait et, à la fin de son travail, s’en déclare satisfaite. J’extrais de mes notes quelques observations prises sur Marguerite.
« Entre la 2e et la 3e ligne, Marguerite soupire, s’aperçoit qu’elle en a oublié, regrette de ne pas revenir en arrière, paraît énervée ; elle tressaute quand je donne le signal des minutes. Elle dit souvent après la 4e minute : « Je ne peux plus ! » ; au 5e signal, elle se lamente : « Oh ! la la »(soupirs). « Je ne peux plus ! Oh ! non ! la la ! » 6e signal. « Oh ! » : elle paraît un peu plus calme. 7e signal : « Oh ! je ne me dépêche pas assez ; » elle va un peu moins vite : soupirs. 8e signal, elle ne dit rien : plus calme. 9e signal, plus calme, ne dit plus rien. Si ce n’est une fois : « Oh ! non, je me suis trompée ! »
- ↑ Attention et Adaptation, Année psychologique, VI, p. 363.