Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/74

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formée de thèmes courts, se développe par un mécanisme beaucoup plus compliqué et moins conscient ; peu d’associations de contiguïté, mais des énumérations de classification, des associations logiques, des ressemblances de mots, et surtout, ce qui paraît être le caractère dominant, un changement incessant dans la direction de la pensée, une marche en zig-zag par petits jets brisés, du nouveau, de l’imprévu, de l’original.


CONCLUSIONS ET HYPOTHÈSES


L’étude précédente donne lieu à bien des conclusions sur lesquelles je crois oiseux d’insister ; c’est par exemple la demi-conscience des liaisons d’idées, déjà devinée par les auteurs, mais bien mise en lumière par nos recherches ; c’est encore la description, qui me paraît nouvelle, de deux types d’association, différents au point de vue de la psychologie individuelle ; ce que j’ai dit déjà de ces questions suffira pour que le lecteur en comprenne l’intérêt. Je préfère consacrer les quelques lignes de clôture de ce chapitre à indiquer comment les faits qui précèdent nous obligent à changer quelque chose à la conception courante de l’association des idées.

D’après les enseignements de l’école anglaise associationniste, qui a exercé une influence très grande et très légitime sur la psychologie française ; — je reconnais moi-même avec vénération tout ce que je dois à Stuart Mill, mon seul maître en psychologie — d’après, dis-je, les enseignements de l’école anglaise, l’association des idées serait la clef, l’explication dernière de tous les phénomènes mentaux ; Mill l’a écrit en propres termes ; et quant à l’association d’idées elle-même, on l’expliquait par une propriété inhérente aux états de conscience.

Taine a bien mis en relief ce qu’il y a d’automatique,