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ET CRITIQUE

ou à illustrer sa biographie. (Voir ma Jeunesse de Ronsard, Rev. de la Renaiss. de mars 1901, pp. 173 et suiv.)

Du Perron a commis la même erreur que Binet. Velliard et Critton n’ont pas dit un mot de Ronsard à Avignon ; ils le donnent comme page à Jacques Stuart dès sa sortie du collège de Navarre, ce qui fausse davantage encore la vérité.

P. 5, l. 14. — aux armes. Binet continue à délayer l’autobiographie de Ronsard :

........et là je fus donné
Page au Duc d’Orleans…


Mais pour BC il a tiré parti d’un des nombreux poèmes qui complètent heureusement cette autobiographie, le Tombeau de Marguerite de France, duchesse de Savoie…, où Ronsard raconte qu’il fut d’abord page du Dauphin François, trois jours avant la mort de ce prince, arrivée à Tournon le 10 août 1536, et qu’il assista à son autopsie :

Trois jours devant sa fin je vins à son service :
Mon malheur me permeit qu’au lict mort je le veisse…
Je vy son corps ouvrir, osant mes yeux repaistre
Des poumons et du cœur et du sang de mon maistre.

Tel est le texte de l’édition ne varietur (1587), que Binet a consulté pour BC ; c’est également celui de l’édition de 1584. Le texte princeps (1575) porte : Six jours devant sa fin… (Bl., VII, 179).

Sur la mort foudroyante du fils aîné de François Ier et sur les événements qui suivirent jusqu’au retour de la Cour à Lyon (5 octobre 1536), V. ma Jeunesse de Ronsard, Rev. de la Renaiss. de mars 1901, pp. 176-81.

P. 5, l. 21. — en son païs. Source, la suite de l’autobiographie ;

........apres je fus mené
Suivant le Roi d’Escosse en l’Escossoise terre.


Jacques V Stuart vint au devant de François Ier avec une imposante escorte jusque dans le Beaujolais. Sur le retour des deux rois à Paris, les préliminaires et la cérémonie du mariage entre Jacques V et Madeleine de France, enfin le départ du couple pour l’Écosse avec Ronsard (14 octobre 1536 — fin d’avril 1537), v. ma Jeunesse de Ronsard, pp. 181 à 184 ; cf. l’Epithalame que Cl. Marot écrivit pour la circonstance (éd. Jannet, II, 94).

L’erreur de Binet faisant d’abord épouser à Jacques V Marie de Lorraine, qui ne fut que sa seconde femme, vient de ce passage, emphatique et faux à tous égards, de J. Velliard : « Quid verbis opus est ? hac fama impulsus Jacobus Stuartus Scotiae Rex, ejus nominis quintus, ex flore nobilitatis Galliae hunc ephœbum honoris et dignitatis ergo, sibi dari a rege Galliarum summis precibus contendit. Tum plerique omnes querebantur Scotiae Regem duo clarissima Galliae lumina secum in Scotiam avexisse, Mariam a Lotharingia sororem Illustrissimi Guysiae principis, quam in uxorem duxerat, et Petrum Ronsardum Principem juventutis. » (Laud. fun. I, f° 5 r°.) C’est seulement vers la fin de juillet 1538 que Jacques Stuart, dont la première femme était morte peu après son arrivée en Écosse, épousa en secondes