Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
ET CRITIQUE

auparavant. Joinct aussi que les visitations qu’il recevoit en ceste ville l’ennuyoient et l’affligeoient aucunement... Or avoit-il beaucoup plus de courage que de force, tellement que quelques remonstrances que ses plus familiers luy sceussent faire de l’incommodité du temps, de l’indisposition de sa santé…, il ne fut jamais en leur puissance de retarder ce malheureux voyage, auquel je ne vous sçaurois exprimer les peines et les tourments qu’il endura, sinon que ce fut encore pis en s’en retournant que ce n’avoit esté en venant.

« Comme il fut arrivé à Croix-val pour la seconde fois, ce fut alors qu’il commença à desesperer du tout de sa vie... » (Or. fun., texte de 1586, pp. 72 à 78.)

D’après Binet (les 3 textes), Ronsard n’a pas fui devant les huguenots jusqu’à Paris, mais simplement jusqu’à Montoire, en son prieuré de Saint-Gilles, à deux lieues au plus de Croix-val, et c’est à Montoire que Galland vint retrouver le 30 octobre son cher poète, qui avait quitté Paris depuis le 13 juin. (V. ci-après, p.179, aux mots « fondre en ce pays ».)

P. 29, l. 14. — mestiers de Mercure. Bl., V, 249 ; M.-L., VI, 316. Cet Hymne de Mercure, composé en 1585 (ou 1584) et dédié à Binet, est imité en partie de l’Hymnus Mercurio de Marulle : « Ergo restabat mihi.. » (éd. de 1561, Paris, Wechel, fo 72 ro). La fin contient cette prière, qui le date du mois de février au plus tard :

Donne moy que je puisse à mon aise dormir
Les longues nuicts d’Hyver, et pouvoir affermir
Mes jambes et mes bras debiles par la goutte...

Sur le misérable état de santé de Ronsard durant son dernier séjour au collège de Boncourt et les soins touchants que lui prodiguait son ami Galland, voir la fin de la seconde Laudatio funebris de J. Velliard, à partir de : « Sed quo me rapit saeva necessitas ?... » (fo 18 vo).

P. 29, l. 17. — sa seconde ame. G. Critton nous apprend que Ronsard avait coutume d’appeler son ami Galland μονοφιλούμενος, le seul aimé (Laud. fun., p. 11). Binet l’appelle encore dans son Eclogue funèbre « la moitié de Perrot », dimidium animae (Bl., VIII, 228) ; Galland lui-même appelle Ronsard : « Pars animae quondam dimidiata meae » (Ibid., 253). Enfin N. Ellain appelle Galland le Pylade de Ronsard (v. ci-dessus, p. 175, aux mots « pour son hoste »).

P. 29, l. 19. — Atrebatique race. C’est-à-dire enfant du pays des Atrebates (Artois). Atrebates est l’ancien nom de la ville d’Arras.

P. 29, l. 34. — Source des Muses. Cf. G. Critton : « Maria certè Scotorum Regina, quae tametsi captiva a multis eum annis munerare non destitit, ut est literata imprimis Princeps, videre videor quàm flebiles elegias, quàm tristes et tali argumento dignos iambos, quàm arguta meditetur epitaphia » (Laud. fun., p. 14).

Les pièces où Ronsard a chanté Marie Stuart sont assez nombreuses : une ode de 1556, O belle et plus que belle ; un sonnet de 1560, L’Angleterre et l’Escosse ; une élégie de 1561, Comme un beau pré ; deux élégies de 1563, Le jour que vostre voile, et L’Huillier si nous perdons ; la Bergerie de 1565, qui lui est dédiée ; l’« envoi » de 1567, Je n’ay voulu Madame ; la « fantaisie » de la même année, Bien que le trait ; le