Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
COMMENTAIRE HISTORIQUE

permis... », jusqu’à la fin (M.-L., Notice sur Ronsard, p. ciii). Binet a repris à cette préface quelques expressions, sans parler de la distinction très nette entre les dernières poésies dictées à Croixval et les dernières poésies dictées à St-Cosme.

P. 35. l. 8. — quatre vints et cinq. — Il est exact que le 27 décembre 1585 était un vendredi. Mais on peut se demander ce que Binet a entendu par « sur les deux heures de nuit le vendredi 27 décembre. » A-t-il voulu dire que Ronsard mourut dans la nuit du 26 au 27 à 2 heures du matin, suivant notre façon actuelle de noter les jours (de minuit à minuit), ou bien, suivant la façon de compter des Romains (d’un lever de soleil à l’autre), dans la nuit du 27 au 28, deux heures après la tombée de la nuit, c’est-à-dire le 27 vers 6 heures du soir ?

À première vue, après une lecture rapide de A B, on est porté à croire que Ronsard mourut dans la nuit du 26 au 27 à 2 heures du matin : il aurait écrit ses deux derniers sonnets et reçu la visite « des plus honnestes familles de Tours » le jeudi 26, « le lendemain » du jour où il eut son solennel entretien avec l’aumônier et les autres religieux de Saint-Cosme.

La rédaction de C ne contredit pas ces dates, puisqu’elle fixe l’entretien de Ronsard avec l’aumônier, sa confession et sa communion, au jour de « la Nativité de notre Seigneur », c’est-à-dire au 25 décembre. Mais, en revanche, Binet y est moins précis, parce qu’il a intercalé entre le récit de la journée du 25 et celui de la journée du 26 un acte antérieur, le testament (qu’il date, avec raison d’ailleurs, du dimanche 22 décembre, et a été obligé ainsi de supprimer les mots « le lendemain », parlant tout de suite après des deux derniers sonnets de Ronsard. — Première raison de douter.

En second lieu. Du Perron n’est pas d’accord avec Binet. D’après Du Perron, Ronsard arriva à Saint-Cosme le dimanche 22 décembre « sur les cinq heures du soir », et il dicta ses deux derniers sonnets le jeudi 26 ; et jusque-là les deux biographes sont d’accord, car on peut parfaitement admettre que Ronsard, arrivé le dimanche 22 sur les cinq heures, ait dicté son testament dans la soirée du même jour, comme le dit le texte C de Binet.

Mais voici où commence la différence, qui est très sensible. D’après Du Perron (texte primitif et suivants), Ronsard vécut encore tout le lendemain du jour où il a dicté ses deux derniers sonnets, et c’est le vendredi 27 « sur le midy » qu’il reçut « les plus notables hommes de la ville de Tours » ; c’est de midi à trois heures qu’il eut son solennel entretien avec « tous ses religieux » ; c’est enfin « sur les trois heures » qu’il demanda les derniers sacrements, et que, « apres les avoir saintement et devotement reçus, et avoir dit les dernieres paroles, il commença à se tourner de l’autre costé comme s’il eust voulu reposer ». — Dans sa seconde rédaction (onze ans plus tard). Du Perron a fait plus : il a placé également en ce jour l’arrivée de Galland et son entrevue émouvante avec Ronsard, entrevue qu’il avait d’abord placée à Croixval dans le courant de novembre. Voici ce qu’on lit en 1597 : « Le Vendredy, environ sur le midy, arriva le sieur Gallandius, qui avoit tousjours esté son intime et particulier amy... (Suit le récit de l’en-