Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
COMMENTAIRE HISTORIQUE

les heures de la nuit, car pour les Romains la 2e heure de la nuit à la fin de décembre devait correspondre à peu près à 6 heures du soir, bien que leur nuit fût divisée en veilles et non en heures.

On voit combien la question reste obscure. L’âge que Binet donne en C à Ronsard au moment de sa mort, à savoir, 61 ans, 3 mois et 16 jours (ce qui reporte sa naissance à la date traditionnelle du 11 septembre 1524), ne nous permet pas de la résoudre mieux, car il faudrait encore connaître l’heure de sa naissance.

P. 35, l. 9. — dudit S. Cosme. Il fut enterré dans le chœur à gauche du grand autel. On ne lui éleva d’abord aucun tombeau (v. ci-dessous, p. 186, au mot ὅλος, la remarque d’E. Pasquier). Ce fut seulement en 1609 que Joachim de la Chétardie, prieur de St-Cosme depuis 1605, mit à cette place une plaque tumulaire en marbre, ornée du buste du poète et d’une inscription qui a été reproduite par Colletet (Vie de Ronsard, p. 117), par Blanchemain (éd. de Ronsard, VIII, 53), par Marty-Laveaux (Notice sur Ronsard, p. civ).

V. encore Rochambeau, op. cit., p. 111 : abbé Chevalier, op. cit. ; Hallays, Ann. Fléch. d’avril 1903, qui reproduit ce monument d’après le Recueil de Gaignieres, p. 186 ; et surtout l’étude très exacte et documentée de P. Dufay sur Le Portrait, le Buste et l’Epitaphe de Ronsard au Musée de Blois, pp. 14 et suiv. Le marbre funéraire de St-Cosme, avec son inscription très lisible encore, figure au Musée de Blois, sous le n° 765.

P. 35, l. 11. — enrichi. Cf. l’ode A sa Lire :

Je pillai Thebe et saccageai la Pouille
T’enrichissant de leur belle depouille...,


et l’épître dédic. du Commentaire des Amours par Muret : « .... lequel pour avoir premier enrichy nostre langue des Grecques et Latines despouilles, quel autre grand loyer en a-il encores rapporté ? »

Même métaphore dans G. Critton : « Sed patriae nimia charitas efficit ut Gallicam Musam lubentius arriperet, quam externis illis et transmarinis Graecorum ac Latinorum spoliis satis habuit locupletari, verba ipsa populis, a quibus ea profecta sunt censuit relinquenda. » (Laud. fun., p. 6.)

P. 35, l. 15. — ὅλος. Ces deux distiques, dans lesquels Binet joue avec complaisance sur les mots Cosmos (monde) et Cosme, sont du plus mauvais goût. Ce fut souvent celui du xvie siècle. Le calembour grec, latin et français était volontiers cultivé par les gens lettrés, notamment par les magistrats et les avocats.

Cf. Est. Pasquier : « Ronsard mourut le 27 décembre 1585, en son prioré de Saint-Cosme, près de Tours, où il fut enterré à costé senestre de l’autel (si vous entrez dedans l’église), sans qu’il y ait aucune marque du tombeau, fors une vingtaine de carreaux neufs de brique, au milieu de plusieurs autres vieux : qui fut cause qu’un jour Saint Marc, 1589, oyant vespres en ce lieu, poussé de son influence ou bien d’un juste depit de voir ce grand personnage en une sepulture si pauvre, je lui fis sur-le-champ cet autre epitaphe, qui ne peut être approprié qu’à lui :

Si Latiis mundus, Graiis qui κόσμος habetur
Atque tuus toto floret in orbe labor,