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INTRODUCTION

injures[1], de la préface posthume de la Franciade[2] et du premier livre des Amours[3]. — Pour le Ronsard du règne de Charles IX, il mentionna les Amours d’Eurymedon et de Callirée, et ceux d’Astrée ; il parla pour la première fois d’Hélène de Surgères et des œuvres que Ronsard lui a consacrées[4] ; il remarqua que Ronsard s’était plaint « en plusieurs endroits » de n’avoir pas été récompensé selon son mérite[5]. — À propos de sa mort il ajouta un quatrain de Pibrac, à l’appui d’une considération morale qui n’a aucune valeur[6]. — Dans la dernière partie il introduisit la paraphrase de plusieurs passages de l’Abbregé de l’Art poëtique et de la préface posthume de la Franciade[7] et la copie presque textuelle de la deuxième préface, que Ronsard avait retranchée de son épopée dès 1578. Une épître en vers italiens de Speroni, trouvée dans les papiers de Ronsard, une lettre du poète sur la Paedotrophia de Sainte-Marthe, communiquée par Baïf, deux fragments inédits, l’un de la Loy divine, l’autre de l’Hercule Tue-lion, l’aidèrent à étoffer la fin de sa biographie.

La troisième rédaction montre de la part de Binet, en même temps qu’une connaissance plus approfondie, ou du moins plus étendue, des Œuvres de Ronsard, une tendance plus grande à les plagier. Cette fois la principale source écrite où il puisa fut la première édition des Odes. Il ne semble pas l’avoir connue lors des deux rédactions précédentes, ou s’il la connaissait, il n’en fit pas usage[8]. La consulta-t-il par fragments manuscrits, qu’il aurait découverts parmi les papiers de Ronsard, ou bien en son entier dans le volume de 1550, déjà très rare, qu’il aurait acquis ou que Dorat lui aurait communiqué entre la deuxième et la troisième rédaction ? J’incline à croire qu’il eut en mains le volume lui-même, car non seulement il a fait des emprunts aux préfaces de cette édition princeps supprimées dès 1553 et à une ode supprimée dès 1555 (l’ode à Dorat, dont il cite tout le début), mais encore au commentaire de I. M. P., supprimé en 1555 sans que Ronsard, ou je me trompe fort, en ait conservé le manuscrit[9]. Quoi qu’il en soit, onze passages sont

  1. V. ci-après, Commentaire, pp. 82, 120.
  2. Ibid., p. 89.
  3. Ibid., pp. 120-121, 122.
  4. Ibid., pp. 161 à 164.
  5. Ibid.. p. 167.
  6. Ibid., p. 190.
  7. Ibid., p. 198-199, 201, 202, 204, 229, 230.
  8. Rien ne le montre mieux que le passage où il parle des anagrammes faites sur le nom de Ronsard à l’exemple de Lycophron, et le passage qui suit immédiatement, où il parle des premières odes composées par Ronsard (v. ci-après, p. 14, lignes 28 et suiv., et Commentaire, p. 112.
  9. On pourrait seulement objecter que s’il avait connu tout le volume il n’aurait pas manqué d’énumérer les pièces du premier Bocage, profitant de cette déclaration de la préface : « Il est certain que telle Ode (celle à J. Peletier) est imparfaite, pour n’estre mesurée ne propre à la lire, ainsi que l’Ode le requiert, comme sont encores douze, ou treze, que j’ai mises en mon Bocage, sous autre nom que d’Odes, pour cette même raison, servans de tesmoignage par ce vice à leur antiquité », au lieu de se contenter de cette phrase, dont le début est faux et la fin très vague : « La premiere ode qu’il fit fut la complainte de Glauque à Scylle et celle qu’il adresse à J. Peletier… : aussi ne sont-elles pas mesurées ni propres à la lyre ainsi que l’ode le requiert, non plus que quelques autres qu’il fit en ce mesme temps. » L’objection n’est pas sans valeur, mais elle ne me paraît