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DE PIERRE DE RONSARD

y a une ruë qui se nomme encor au jourd’huy du nom de l’un de cette famille, qui en ce grand et remarquable exploict se montra le premier des plus vaillans[1] : ce que[2] je n’ay peu oublier, luy mesme le tesmoignant en l’Elegie xvi qu’il escrit à Remy Belleau[3] *. Loys de Ronsard[4] fut Chevalier de l’Ordre *, et Maistre d’hostel du Roy *, et pour la sagesse et fidelité qui estoit en luy, fut choisi[5] pour accompagner Messieurs les enfans, François Dauphin de Viennois, et Henry Duc d’Orleans, en Espagne[6] pendant qu’ils y furent en hostages pour le Roy leur pere, d’où il les ramena, au grand contentement de la France *. Ce Loys avoit quelque cognoissance des lettres, et principalement de la Poësie, telle que le temps pouvoit porter : et faisoit aucunefois des vers assez heureusement *[7] : et me souvient[8] en avoir ouy reciter quelques uns à nostre Ronsard, son fils, qui monstroient que la Poësie vient principalement d’un instinct naturel, lequel avec un plus grand heur toutefois, comme un heritage[9], le fils a monstré avoir continué en luy, y ayant conjoint l’estude des lettres Grecques et Latines[10]. De ce mariage[11] de Loys et de Jeanne de Chaudrier[12] *, nasquit Pierre de Ronsard, au Chasteau de la Possonniere * en Vandomois, maison paternelle, l’an mil cinq cens xxiiii, que le Roy François fut pris devant

  1. C qui en ce grand et remarquable exploit s’estoit rendu chef de l’entreprise.
  2. AB vaillans : Ce que | C de l’entreprise. Ce que
  3. B en une Elegie à Remy Belleau. | C en l’Elegie à Remy Belleau. Et la noblesse de ceste maison est telle, que le sieur du Faur [1609, 1617, 1623 du Faux | 1630 du Faur] Angevin nous a laissé en ses Memoires par longue deduction des Genealogies *, qu’elle attouchoit de pres par le moyen de la Trimoüille à ceste tresnoble maison de Craon, plus ancienne Baronnie d’Anjou, alliée des Comtes d’Anjou, et de laquelle sont descendus par l’alliance de l’Emperiere Mathilde les Roys d’Angleterre : de maniere qu’il mettoit en evidence que Ronsard estoit allié au seize ou dixseptiesme degré d’Elizabeth Royne d’Angleterre. Quoy qu’il en soit, toutes ces grandes maisons ne l’ignorent point et s’en glorifient.
  4. C Loys de Ronsard son pere
  5. C maistre d’Hostel du Roy François premier, qui pour la sagesse et fidelité qui estoit en luy fut choisi *
  6. C pour accompagner François Dauphin de Viennois, et Henry Duc d’Orleans ses enfans en Espagne,
  7. A virgule après porter et après heureusement
  8. C Ce Loys avoit quelque cognoissance des lettres, et principalement de la Poësie, mesmes faisoit quelquefois des vers tels [1604-1630 des vers, tels] toutefois que le temps pouvoit porter, et me souvient
  9. B heritage, et droit successif,
  10. C à nostre Ronsard, qui monstroient que la Poësie ne s’acquiert pas tant comme elle s’insinuë en nous d’un instinct naturel en naissant, lequel avec un plus grand heur toutesfois, ainsi qu’un heritage paternel [1604-1630 paternel,] le fils a monstré avoir continué en luy par droit successif, y ayant le premier conjoinct l’estude des lettres Grecques et Latines, deux instrumens necessaires à la perfection de l’eloquence.
  11. BC Du mariage
  12. C Chandrier (f. d’impr. reprod. dans les éd. suiv.)