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DISCOURS DE LA VIE

sort se virent privez de sens[1] fort nécessaires : Homere, les escrits duquel tout le monde devoit voir, et lire si soigneusement, de celuy de la veüe : et[2] Ronsard, dont la douce cadence des vers devoit[3] estre recueillie des plus delicates oreilles du monde, de celuy de l’ouye. J’appeleray toutefois ce malheur bien-heureux, qui fut cause que Ronsard, qui pour s’avancer pres des grans, par le chemin des courtisans, eut peut-estre perdu[4] son temps inutilement, changea de dessein et reprit les estudes laissées *, encor qu’il eust ja assez bonne part aux grâces du Roy Henry, nouvellement venu à la Couronne *, qui l’estimoit[5] entre tous les Gentils-hommes de sa Court, pour emporter le prix en tous les honestes exercices, esquels[6] » la noblesse de France estoit ordinairement addonnée. Ce que Dorat, son precepteur, et la source de tous noz Poëtes[7], a tesmoigné en l’Ode qu’il fit[8] à Ronsard, quand il dit de luy[9] :

O flos virum et *
Decus olivi, aut illius
Virilis quo oblinitur[10]
Et artus terit
Amiclaca pubes, | [8]
Aut illius quod hilares
Ferè Camœnae obolent.


Et en suivant[11] :

Nam seu quis[12] * artem sinuosaque
Corporis volumina velit,
Quibus corpus aptè
Vel in equum, vel de equo
Volans micat in audacibus
Pugnis, stupebit dicatum gravibus umbris
Musarum, agilibus quoque
Saltibus Martis expedisse membra.

Outre que sa grace et sa beauté le rendoit agreable[13] à tout le monde, car il estoit d’une stature fort belle, Auguste et Martiale *, avoit

  1. C des sens
  2. A Et
  3. C et Ronsard, la douce cadence des vers duquel devoit
  4. C eust (peut-estre) perdu
  5. C Henry II nouvellement venu à la Couronne, duquel il avoit esté quelque temps page sous la charge du sieur de Granval : Car ce Prince l’estimoit
  6. C ausquels
  7. BC son precepteur, et le pere de tous nos Poëtes,
  8. AB en l’Ode, qu’il fit
  9. C quand il dit de luy en la premiere Antistrophe :
  10. A oblivitur (corrigé en oblinitur aux errata)
  11. C Puis tout ensuivant en l’Epode :
  12. C si quis
  13. C fort agreable (on lit rendoit dans toutes les éditions)