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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

IV

les mémoires partielles


Nous arrivons à une question à laquelle on a attaché, il y a une vingtaine d’années, une importance peut-être exagérée. C’était l’époque où le professeur Charcot faisait ses belles leçons sur l’aphasie, ses leçons si claires, et doit-on ajouter, si schématiques. Le grand neurologiste français exerçait sur tous ceux qui l’écoutaient une influence impressionnante ; il insistait sur la pluralité des mémoires et sur leur indépendance chez les malades aphasiques. Il prononçait, non pas le premier sans doute, mais avec plus d’autorité que ses devanciers ces mots de type visuel, type auditif, type moteur, qui ont eu depuis lors un succès si retentissant dans le monde philosophique. Les leçons de Charcot mirent donc à l’ordre du jour des études qui avaient été faites un peu antérieurement, surtout par Galton (Inquiries into human mind, Londres, 1883), par Taine (L’intelligence) et par Ribot (Maladies de la mémoire, Paris, Alcan). Si on ajoute à ces ouvrages une thèse de Saint-Paul sur Le langage intérieur et les livres de Stricker et d’Egger sur La parole intérieure, on aura réuni ainsi, croyons-nous, la principale littérature d’un sujet fort intéressant[1].

Bien que des études de ce genre aient surtout été faites sur des malades, on a cherché à les transporter dans le domaine de l’éducation. On a proposé de distinguer les écoliers en visuels, auditifs, moteurs ; on a

  1. J’en ai parlé dans mes livres, La Psychologie du raisonnement, Les Grands Calculateurs, et Étude expérimentale de l’intelligence. Le nombre d’articles publiés à ce propos est incroyable. Je citerai, comme principale indication des sources, le Manuel de psychologie de Titchener, au chapitre de l’idéation.