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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

tenir dans le cadre étroit de ce livre le domaine très vaste de l’éducation. Il a fallu restreindre le sujet pour l’exposer avec précision et détail. J’en ai pris ce qui m’a paru présenter l’intérêt le plus vif et le plus pressant. Il doit donc être bien entendu, dès à présent, entre mes lecteurs et moi, que ce livre ne saurait répondre à toutes les questions que l’on pourrait se poser quand on envisage, en tant que père, ou que maître, ou que sociologue, l’éducation des enfants et des jeunes gens. Ces questions sont bien nombreuses ; elles se ramènent à trois principales :

1o Les programmes ;

2o Les méthodes d’enseignement ;

3o Les aptitudes des enfants.

Disons un mot de ces trois grandes divisions, afin de nous orienter.


1o On appelle programme la liste détaillée des enseignements donnés à l’école. Ce sont les programmes qui préoccupent surtout l’opinion ; ils sont l’œuvre des pouvoirs publics, et c’est sur eux que se porte constamment l’attention toutes les fois que pour des raisons politiques, ou économiques, ou autres, il se déclare dans notre pays ce qu’on appelle d’un mot curieux et bien tendancieux une crise de l’enseignement ; aussitôt la même pensée vient à tous, il n’y a qu’une ressource, qu’un remède, changer les programmes !

Cette préoccupation ne doit être critiquée que dans la proportion où elle est exclusive, car évidemment il faut reconnaître que le contenu de ce qu’on enseigne offre toujours une influence énorme sur l’éducation des intelligences et sur l’utilité de l’instruction. L’esprit dans lequel les programmes ont été conçus — dans le cas du moins où ils expriment un esprit quelconque — nous révèle partiellement quel est le but, l’idéal qu’on s’est proposé d’atteindre, et c’est à ce