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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

lation qu’on se fait comprendre, bien plus que par le volume que l’on donne à sa voix ; il faut enfin apprendre à parler en dehors, et non pas en dedans ; il faut, comme disent les professeurs de chant, poser la voix en avant.

Pour les enfants, il faut se préoccuper de reconnaître ceux qui n’ont pas l’ouïe normale. On n’a pas à rechercher spécialement les enfants atteints d’une surdité complète, ceux qui ne se retournent même pas quand on les appelle vivement par derrière. Un maître aura rarement à faire, pensons-nous, cette expérience si simple, que nous signalons et recommandons en passant ; les sourds complets ou presque complets sont rares, et ils sont déjà connus des parents. Le plus souvent, la surdité est partielle ; ce n’est que de la dureté d’oreille. Cette dureté peut être unilatérale, atteindre une seule oreille ; elle peut être transitoire, résulter d’un coryza ; il arrive encore qu’elle soit liée à la présence de végétations adénoïdes au fond de la gorge, car l’adénoïdien a généralement l’audition compromise. Quoi qu’il en soit, les enfants dont l’audition est anormale doivent, comme les enfants à vision anormale, ne pas être relégués au fond de la classe ; on les placera sur les premiers bancs, aussi près que possible de la chaire.

Il est bien démontré aujourd’hui que si l’on ne prend pas ces précautions, on fait aux enfants sourds un tort considérable. Des statistiques précises nous ont appris que la surdité partielle, la surdité qu’on peut appeler scolaire, est une cause constante de retard dans les études. Il y a plus : on a constaté que le degré de cette surdité influe sur le degré du retard d’instruction, et que par exemple ceux qui n’entendent même pas à 1 mètre la voix chuchotée ont un retard plus grand et plus fréquent que ceux qui l’entendent à 3 ou 4 mètres. Cette relation paraît du reste si naturelle qu’il n’y a pas lieu de la révoquer en doute.