Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/168

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Comme compensation, l’anesthésie hystérique produit souvent une augmentation de force dans les membres qui ont conservé leur sensibilité ; on peut constater cette augmentation de force en modifiant la sensibilité par voie de suggestion, et en explorant l’état des forces avant et après. (Binet.)

Si l’anesthésie se complique de paralysie, le membre symétrique qui n’est ni insensible ni paralysé présente une augmentation de force (Binet et Féré) ; c’est là un caractère d’autant plus important que dans les paralysies de causes organiques (Pitres, Friedlander) le côté non paralysé présente un affaiblissement moteur.

La diminution du chiffre de pression dans un membre insensible dépend de cette insensibilité, et par conséquent, dans une certaine mesure, de la division de conscience : ce qui le prouve bien, c’est qu’en frappant d’insensibilité, par suggestion, un membre sain, on diminue son chiffre de pression. Comment expliquer ce résultat ? Nous pouvons supposer que la force de contraction — qui dépend autant de la volonté que du muscle — est en relation avec le degré de développement du moi qui commande la contraction ; si le moi se réduit à quelques phénomènes psychologiques élémentaires, il n’y aura point en jeu d’états émotionnels aussi importants que s’il s’agit d’un moi complet, d’une personnalité véritable. Ainsi pourrait-on comprendre que le personnage sous-conscient a moins de force que le personnage principal ; il serait facile de contrôler cette hypothèse en prenant la force dynamométrique d’une même personnalité à ses diverses étapes de développement.

Quoi qu’il en soit de notre hypothèse, que nous indiquons à titre de suggestion, il y a un cas où le chiffre de contraction dépend certainement, d’une façon directe, de causes psychologiques : c’est celui où on oblige le sujet à serrer simultanément avec les deux mains ; alors le chiffre de pression s’abaisse dans des proportions souvent considérables. Cette diminution tient évidemment à un défaut d’attention ; le sujet est forcé de penser et de vouloir simultanément