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Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/102

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pas amené d’une manière plus pathétique le dénoûment du drame.

En 1829, le libraire Delangle mit au jour un petit recueil de poésies, qui cette fois parut avec le nom de son auteur, Mme Louise-Évelines Désormery. Jusqu’à cette époque Mme Désormery avait à toute force voulu rester inconnue et jouir de son succès sous le nom d’Éveline, appartenant à la famille de sa mère, d’origine irlandaise, venue en France à la suite du roi Jacques ; mais ses amis avaient enfin triomphé de sa répugnance à sortir d’une volontaire obscurité, ils étaient parvenus à la décider à ne pas abandonner à un pseudonyme l’estime publique, fruit de ses nombreux travaux. Le style poétique de Mme Désormery est de la bonne école. Ce qui distingue son genre, nous l’avons déjà dit, c’est une sensibilité mélancolique qui va droit à l’âme, c’est l’art d’exprimer dans un langage choisi les nuances les plus délicates des sentiments. Au surplus, pour personnifier plus complètement le caractère du livre et de l’auteur, nous laissons Mme Désormery parler elle-même de son talent dans une lettre dont l’éditeur du recueil qui nous occupe a enrichi sa préface : « Je n’ai pas fait de vers, dit-elle, pour devenir poëte ; j’ai voulu exprimer seulement des émotions ou des rêveries dans un langage qui m’était déjà familier ; car, avant de savoir lire, avant de savoir qu’il y eût de la poésie sous le ciel, je composais des chansons et des complaintes semblables à celles des sauvages, disposition naturelle peut-être à une enfance solitaire et mélancolique, qu’ont assiégée de nombreux malheurs. » Cette confidence mieux que tout ce que nous pourrions dire explique la teinte générale de mélancolie qui règne dans les vers de notre auteur.

En 1832, parut enfin le Nain Clicthoue, dernier ouvrage important de Mme Désormery, qui n’est pas infé-