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par les chagrins de sa jeunesse, la retraite lui fut imposée par la souffrance : elle sut la rendre attrayante par le charme de l’étude.

En 1822 parut son premier ouvrage, Évariste de Mauley, sous le nom de Mme Louise Éveline. Cet ouvrage, en forme de lettres, est peu connu et mériterait de l’être davantage. Il renferme des idées justes et nouvelles, surtout à l’époque de son apparition, sur l’éducation, le duel et le suicide. On y trouve une peinture animée de la Suisse, et des descriptions vives qui se marient avec bonheur à l’intérêt de la fable.

Agnès de Méranie succéda en 1824 à Évariste de Mauley. Le titre de cet ouvrage portait une lettre de plus ajoutée au nom de l’auteur. Agnès de Méranie fit sensation dans le monde littéraire : l’épouse de Philippe-Auguste, si aimante, si aimée, et pourtant si malheureuse, avait trouvé dans Mme Désormery un historien qui avait su peindre et comprendre ses douleurs. Aussi le livre de Mme Désormery eut-il un brillant succès. Dans cette belle composition la plupart des personnages sont historiques, et ils conservent une ressemblance exacte avec les portraits que la tradition nous a faits d’eux ; mais ce qui ajoute au mérite de l’auteur, c’est d’avoir su présenter ses personnages d’invention de telle sorte que, fidèles dans leurs actions comme dans leurs discours aux mœurs, aux usages et aux préjugés de l’époque, ils retracent toute la physionomie du siècle. Agnès de Méranie est une histoire au même titre que les productions de Walter Scott. L’illustre romancier n’eût pas rendu avec plus d’énergie et de vérité les terribles effets de l’interdit lancé sur un royaume par un pontife inexorable ; il n’eut pas développé avec plus de profondeur la politique d’une cour à qui tout cède, dans des temps de superstition, dès qu’elle fait parler le Ciel ; il n’eût