Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/114

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ces deux procédés, le premier appartient au philosophe, à l’orateur, le second au poëte, au romancier. Tous deux ont leur valeur, ou plutôt l’un est le complément nécessaire de l’autre, puisque chacun d’eux s’adresse à une classe différente. En effet, il est des hommes qui veulent être convaincus, il en est d’autres qui ont plutôt besoin d’être persuadés. Aux uns les preuves froides et simples, aux autres le mouvement et les émotions. C’est toujours au service d’une idée morale, d’une vérité utile que Mme de Carlowitz met son talent ; et si elle écrit aujourd’hui, c’est qu’elle a voulu concourir cette fois à Étire rentrer dans notre législation ces dispositions en faveur du divorce qui en furent rayées il y a vingt ans.

« Le plan de la fable est fortement combiné et établi sur de grandes proportions. Pour embrasser la question sous toutes ses faces, l’auteur a voulu aller chercher ses personnages dans les classes delà société les plus diverses et les présenter dans les conditions les plus variées. C’est d’un côté un jeune homme d’une haute naissance, d’une âme douce et aimante, marié par un père impérieux à une femme riche dont le cœur sec et froid ne connaît d’autres jouissances que celles du monde et des plaisirs ; d’un autre côté une jeune file, d’une nature tendre et ardente, livrée à un homme bas et vil dont l’hypocrisie a séduit la crédulité d’un vieillard, et que son inconduite réduit bientôt à exercer les professions les plus méprisées. On se figure déjà tout l’intérêt qui peut naître de ces premiers contrastes. Voilà deux de ces unions comme nous en voyons tout autour de nous, et qui créent dans ce monde des souffrances assez cruelles pour donner une idée de celles de l’enfer. Avec la faculté du divorce, deux unions funestes eussent été dissoutes, deux familles conservaient le repos, deux êtres pleins de sentiments généreux vivaient pour le bonheur et la vertu.