Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/13

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coupable lorsqu’il éprouve cette appréhension, puisqu’il s’agit pour lui des intérêts d’époux et de père ; mais je ne prétends nullement établir que son inquiétude soit fondée. Écoutons d’ailleurs à ce sujet la défense de la doyenne de nos femmes poètes, Mme Victoire Babois :

« On a dit et répété que les femmes qui écrivent négligent les soins de leur maison, de leurs enfants, enfin les devoirs de leur sexe. On a répondu à cette assertion, toujours dénuée de preuves, que pendant qu’elles écrivent, elles ne sont point devant une table de jeu à risquer de porter la gêne dans leur ménage, ou au bal à ruiner leur santé. On pourrait ajouter qu’elles sont plus étrangères au luxe, à la dissipation et aux dépenses qu’elle entraîne, que beaucoup d’autres femmes ; on pourrait dire encore que cette occupation sédentaire les voue davantage à la nature, dont leur talent n’a pas, pour ainsi dire, le pouvoir de s’écarter, et que cette mère commune les retient dans son sein par les sentiments et les pensées du cœur qu’elles expriment si bien ; qu’enfin la souplesse et la mobilité de leurs facultés les rendent propres à remplir et à chanter presque en même temps des soins si doux et des devoirs si chers. L’habitude de la réflexion et l’exercice de la pensée peuvent et doivent nécessairement apporter de la lumière jusque dans