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cette nouvelle production parmi celles qui honoraient le plus les femmes de lettres de l’époque moderne.

Enfin, en 1813, Adèle Chemin, habitant alors à cent soixante lieues de Paris, fit paraître une seconde édition du Courrier russe, et en même temps Madame de Palastro, en 3 vol. in-12 ; production remarquable par l’intention bien prononcée de combattre une manie ou plutôt un défaut qui tant de fois fit le malheur des femmes ! Bien que l’auteur ait transporté la scène en Italie, pour ne pas désigner les personnages par elle mis en action, on reconnaît aisément ceux qu’elle a voulu peindre, et tous les événements y sont racontés avec une verve piquante et la plus exacte vérité. C’est, selon moi, de toutes les productions de l’auteur celle où l’on trouve le plus d’attrait, de charme, d’entraînement et de désir d’être utile à son sexe.

Mme Adèle Chemin, parvenue à cet âge où la réflexion dirige nos penchants, connaissant trop bien le monde, qu’elle avait étudié, pour compromettre une indépendance si chèrement acquise, éprouvait toutefois le besoin de s’attacher un ami avec lequel elle pût vieillir en paix.

M. Rochelle de Brécy, ancien aide de camp du général Pichegru, dévoué depuis sa jeunesse à la cause royale, avait été compris dans le procès des généraux Georges Cadoudal et Moreau, où, après avoir obtenu grâce de la vie, par les héroïques instances de son jeune frère Henri de Rochelle, avocat, il fut condamné à une prison perpétuelle. Il gémissait sans espoir dans les cachots du château d’If depuis plus de dix ans, lorsque la restauration des Bourbons lui rendit la liberté et son rang dans l’armée. Il rencontra Mme Adèle Chemin, et les rapports d’opinions, de services rendus, de sacrifices, de souffrances, leur firent éprouver cette mutuelle considération qui bientôt les unit par des liens sacrés. Rien