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ne rapproche les cœurs comme la conformité des dangers qu’on a courus et des maux qu’on a soufferts. Mais le 20 mars 1815 vint de nouveau troubler leur vie : la famille des Bourbons fut contrainte de s’éloigner de la France pendant les Cent jours si mémorables dans l’histoire. Et ce fut à leur retour à Paris que le brave, le féal colonel de Brécy, qui n’avait pas quitté leur bannière, entra comme officier supérieur dans le troisième régiment d’infanterie de la garde, qu’il contribua à former et à instruire. C’est pendant ces quatre années de leur séjour à Paris que Mme de Brécy fit imprimer, sans nom d’auteur : 1° Un Mot sur l’expédition du duc d’Aumont en Normandie ; 2° Un Mot sur les Vendéens, ou la Vérité dévoilée ; 3° Ma première Condamnation à mort au 18 fructidor, épisode curieux et touchant de la vie de son mari.

En 1819 le colonel de Brécy fut nommé lieutenant de roi de la ville de Douay ; il ne quitta ce poste qu’en 1830. Enfin Mme de Brécy venait de terminer des Souvenirs, en quatre volumes in-8°, qui eussent offert les portraits fidèles des plus grands hommes politiques et des révélations historiques du plus haut intérêt ; mais ce précieux manuscrit, objet de quinze ans de travail, a été perdu dans la révolution belge à Bruxelles, et depuis l’auteur n’a pu se décider à reprendre la plume.

Veuve en 1832, attaquée dans sa fortune, désenchantée dans ses affections, fatiguée de rencontrer sur la scène du monde de certains personnages qui avaient entièrement oublié les services rendus dans un temps plus heureux pour elle ; trouvant toutefois des ressources et des consolations dans ses souvenirs, dans cette habitude du travail qui tient lieu de tout, Mme de Brécy s’est choisi l’asile qui convenait le mieux à ses goûts, à ses nobles épanchements ; elle s’est retirée à l’Abbaye-aux-Bois.