Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A MA MUSE.

Épilogue.

O Musc, dont la voix douloureuse et chérie Au jour que je fuyais a rattaché ma vie,

Et qui m’avez fait voir au travers de mes pleurs Son épineux sentier semé de quelques fleurs (Par le malheur elle était obscurcie :

Par vos innocentes douceurs Vous Pavez ranimée, éclairée, embellie) ;

O Muse ! je vous remercie!

Quand j’ignorais, hélas! vous et mon triste sort,

Dans la languedes dieux je redisais sans cestc Les vers si doux que sans effort A Racine dictait sa muse enchanteresse.

Des neuf savantes sœurs j’admirais les appas ;

Mais à vous je ne pensais pas.

Vous dormiez, sans songer à vous faire connaître. Grands dieux! que j’étais loin de croire h vos faveurs Mais, éveillée enfin au cri de mes douleurs.

Dans mon cœur je vous sentis naître.

Et de ce cœur brisé sortir avec mes pleurs.

Depuis lors, sans être appelée.

Je vous vis quelquefois animer mes loisirs ;

Muse, vous avez su les changer en plaisirs ;

Et, par vos charmes consolée,

Bientôt j’osai vous suivre et saisir vos pinceaux.

Que de soins je pris pour vous plaire!

De vous je n’attendais alors pour tout salaire Qu’une faveur secréte et surtout le repos.

O Muse! vous avez exaucé ma prière!

Sans la fuir, mais aussi sans chercher la lumière.

Sous votre empire heureux, avec paix et douceur.

Je savourais votre ambroisie.

Vous glissiez doucement sans exciter l’cnvic :

A qui ne veut que vous, vous donnez le bonheur.

Mais on ne peut chérir les filles de mémoire Sans aimer quelque peu la gloire.

Hélas! de mes vieux ans c’est un besoin nouveau’:

Et, sur le bord de mon tombeau.

Quand je devrais me taire et n’avoir d’autre envie Que de couler en paix les restes de ma vie.