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récompense de ses soins maternels prouve que la Providence paie parfois comptant le bien que l'on fait sur cette terre.

Cependant Mme Voïart ne tarda pas à reconnaître avec chagrin combien était faible la santé de ses enfants d’adoption. Convaincue que l’air de la campagne pourrait seul fortifier des constitutions aussi frêles, elle engagea son mari à faire l’acquisition d’une maison de campagne à Choisy-le-Roi, non pour y passer la belle saison, mais bien décidée à s’y fixer entièrement. Ainsi, avant que la première année de son mariage fut écoulée, Mme Voïart dit adieu à Paris.

Ce fut dans cette retraite de Choisy que commencèrent les études littéraires de Mme Voïart. Ne conservant point de rancune de l’ennui que lui avait causé jadis la correspondance commerciale de son beau-père, elle chercha à perfectionner la connaissance superficielle qu’elle avait de la langue allemande. Un homme d’un mérite très-distingué, M. le baron Bilderbeck, mit à sa disposition une nombreuse bibliothèque, toute composée des meilleurs auteurs allemands, dont les productions étaient à cette époque peu connues en France. Mme Voïart commença alors à traduire Auguste La Fontaine. Elle entreprit ce travail comme une agréable distraction à ses devoirs de femme de ménage et de mère de famille. Elle traduisait Auguste La Fontaine comme on se plaît à dessiner le portrait d’une personne que l’on ne doit point quitter, pour l’avoir deux fois, pour essayer si l’on est capable de reproduire des traits que l’on aime ; de même Mme Voïart voulait posséder dans son idiome naturel un auteur avec lequel elle sympathisait. Elle trouvait du charme à faire passer dans la langue du peuple le moins naïf qui soit au monde, les traits de la bonhomie et de la naïveté allemande. Elle se plaisait aux récits de ces amours